Le Centre contre les manipulations mentales a lancé lundi 3 novembre une campagne de prévention contre les dérives sectaires dans le domaine de la santé afin de faire échec à des « médecines alternatives nuisibles », en nette progression, selon professionnels et associations.

« Danger ! Attention aux traitements miracles et aux faux thérapeutes » annonce la campagne du Centre contre les manipulations mentales (CCMM), l’une des principales associations françaises de lutte contre les phénomènes sectaires. Selon le CCMM, 22% des dérives faisant l’objet de signalements concernent le domaine de la santé.

« Jusqu’à la mort du malade »
Certains groupes ou thérapeutes autoproclamés développent des méthodes empiriques de diagnostic voire proposent des arrêts de traitement pouvant mettre en danger la santé des patients, dans le cadre de pratiques qui relèvent de l’exercice illégal de la médecine et de l’escroquerie. « Une personne atteinte d’un cancer va vouloir se raccrocher à un espoir, détaille Laure Telo. Elle va écouter le masseur, psychothérapeute et prendre une poudre de perlimpinpin. Pourquoi pas si ça redonne de l’espoir mais il ne faut pas que le malade arrête ses traitements. » Les conséquences peuvent en effet être fatales. « Cela va jusqu’à la mort du malade, dans beaucoup de cas », déplore la présidente régionale du CCMM.

Les personnes âgées ciblées
Comme les malades, les personnes âgées sont ciblées par les gourous. Lors du lancement de la campagne, lundi 3 novembre 2014, un représentant de la CNAF a ainsi expliqué que les personnes les plus isolées pouvaient se retrouver sous l’influence de l’aide à domicile qui s’occupe d’elles. « On a aujourd’hui beaucoup de groupes diffus qui sont organisés autour d’un prédateur et vont mettre en coupe réglée un certain nombre d’individus », a souligné Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), partenaire de cette campagne de communication au côté notamment du ministère de la Santé. Cette segmentation du risque est soulignée par le CCMM. « Avant, il y avait de grands groupes sectaires dont le nom est connu. Ils sont toujours là mais on assiste aussi au développement de groupuscules », indique Laure Telo. Des petites structures beaucoup plus difficile à repérer. « Les gens ont honte, ils n’en parlent pas, comme pour un viol. »

Inciter à parler
C’est pour cette raison que la campagne veut mettre fin à la loi du silence. Des affiches et des prospectus seront mis a dispositions dans les cabinets médicaux, les hôpitaux et les commissariats, mais aussi sur Internet. Il s’agit de donner confiance aux victimes et de les inciter à parler. « Il faut toujours se méfier. Dans les Pages jaunes par exemple, on trouve plein de numéros de psychothérapeutes qui n’en sont pas… », raconte Laure Telo qui déplore ne pas pouvoir faire une campagne plus importante, faute de moyens.

source : La Gazette Santé Social – Site d’information destiné aux acteurs sanitaires et médico sociaux
par Isabelle Raynaud