VANCOUVER (Canada), 9 nov 2006 (AFP) – Une juge de Colombie-Britannique devait statuer vendredi sur une demande du parquet qui réclame une évaluation psychiatrique de la Française Nathalie Gettliffe, emprisonnée au Canada pour l’enlèvement de deux de ses enfants.

L’accusation a plaidé pour une telle évaluation, et la défense contre, lors d’une audition jeudi, à l’issue de laquelle la juge Mervyn Koenigsberg de la Cour suprême de Colombie-Britannique a mis sa décision en délibéré jusqu’à vendredi matin (17h00 GMT).

La procureure Gail Dixon a demandé qu’une évaluation psychiatrique de la jeune femme de 35 ans soit incluse dans le rapport qui servira de base au juge pour prononcer sa sentence dans les prochaines semaines.

Mme Gettliffe, qui a assisté à l’audience, avait plaidé coupable vendredi dernier, évitant un procès qui devait commencer le 20 novembre. Le juge avait alors demandé un rapport pour pouvoir fixer sa sentence. La procureure Dixon a déclaré qu’une évaluation psychiatrique de Mme Gettliffe était nécessaire "car ses allégations contre le père des enfants, sa manipulation apparente d’autres personnes et son refus répété de se conformer à des décisions de justice suscitent de graves préoccupations".

Elle a fait valoir qu’il s’agissait notamment d’évaluer les risques de récidive.

Mme Dixon a notamment évoqué une interview que Mme Gettliffe a donnée par téléphone à une télévision française. Selon la procureure, Mme Gettliffe avait dit qu’elle ferait la même chose si c’était à refaire, déclarant: "Si je n’avais pas fui, c’était la mort pour moi ou pour les enfants. C’est tout ce que j’ai
vu".
La procureure a aussi cité à l’appui de sa thèse une éventuelle candidature de Mme Gettliffe à la présidence de la République française, annoncée par ses proches.

L’avocat de la jeune femme, Me Richard Fowler, a estimé pour sa part qu’il n’y avait aucune raison de procéder à une évaluation dans ce cas. Il a notamment fait valoir qu’accuser son ex-mari d’appartenir à une secte n’était pas un signe de désordre mental.

Et il s’est élevé contre le fait que l’ex-mari de Mme Gettliffe, le Canadien Scott Grant, ait fait en public des déclarations mettant en doute la santé mentale de cette dernière le jour même où elle plaidait coupable.

Nathalie Gettliffe est en prison depuis le 11 avril au Canada, pays qu’elle avait fui pour la France en 2001 avec les deux enfants de son mariage avec Scott Grant.

Elle avait expliqué vouloir soustraire ses enfants à l’influence de l’Eglise internationale du Christ, à laquelle appartient Scott Grant, considérée comme un mouvement sectaire par un rapport parlementaire français, mais légale au Canada.

Les deux enfants de son mariage avec Scott Grant ont été remis à leur père par la justice française en juillet dernier et vivent actuellement avec lui. Une audition au civil portant sur les droits de garde et de visite a eu lieu mercredi à Vancouver, mais il n’avait pas été possible d’obtenir de détails sur
son déroulement.
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