VILLEFRANCHE DE LAURAGAIS, 15 nov 2006 (AFP) – Les avocats des prévenus poursuivis dans l’affaire du Patriarche, une association d’aide aux toxicomanes mise en cause pour ses méthodes sectaires et des détournements de fonds, ont pour la plupart plaidé la relaxe de leurs clients, estimant qu’ils avaient été "manipulés".
  
Le jugement a été mis en délibéré au 9 janvier 2007.
  
Lors de leurs plaidoiries, mardi et mercredi en correctionnelle, ils ont soutenu que ceux-ci avaient été manipulés par Lucien Engelmajer, fondateur du "Patriarche", l’un des 17 prévenus.
  
En fuite au Belize (Amérique centrale), il ne s’était pas présenté au procès ouvert le 6 novembre à Villefranche de Lauragais, en raison de travaux au Palais de justice de Toulouse.
  
Les avocats ont qualifié de "sévère et sans nuance" le réquisitoire du procureur, qui a demandé mardi des peines allant de trois à cinq ans d’emprisonnement contre les prévenus, poursuivis notamment pour abus de faiblesse, abus de biens sociaux, abus de confiance, et pour certains  blanchiment et recel.
  
Le procureur Yves Delperié avait indiqué que le Patriarche, créé en France au début des années 1970 et qui fut dans les années 1980-90 la principale structure d’accueil des toxicomanes, s’était révélé être "une secte qui a exploité sans vergogne" ses pensionnaires "pour construire un empire colossal", avec des ramifications dans de nombreux pays d’Europe et des Amériques.
  
Selon des témoignages de parties civiles, ils étaient traités par un sevrage brutal, parfois isolés de l’extérieur, et tous contraints à un travail forcé censé les réinsérer, mais qui généralement n’était ni déclaré, ni payé.
  
Le "Patriarche" a recueilli pendant des années des dons dans toute l’Europe au profit des toxicomanes et des fonds provenant de sociétés commerciales qu’il avait créées. Une partie importante de ces sommes a été détournée et placée sur des comptes bancaires en Suisse et au Luxembourg.
  
Me Gaétan Di Marino, avocat de Jean-Paul Séguéla, un ex-conseiller du ministère de l’Intérieur pour les questions de toxicomanie de 1993 à 1995, poursuivi pour avoir profité des largesses du Patriarche, a affirmé que son client avait "été utilisé", par Lucien Engelmajer, un "manipulateur
extraordinaire".
  
Il n’y a "aucune preuve de l’origine frauduleuse des fonds perçus par les enfants" Engalmajer, a pour sa part affirmé Me Simon Cohen, défenseur de six enfants du fondateur du Patriarche, également poursuivis.