LYON, 12 mai 2006 (AFP) – Me Dominique Chambon, l’avocat de Nathalie Gettliffe, détenue au Canada depuis le 11 avril dans une affaire d’enlèvement d’enfants, a dénoncé une décision "inhumaine et choquante" après le rejet jeudi d’une demande de mise en liberté conditionnelle de la Française par un tribunal de Colombie-Britannique.
  
"C’est une mère de famille, une universitaire qui mène un combat, celui de sortir ses enfants de l’emprise d’une secte: elle est tombée dans un guet-apens", a déclaré  Me Chambon, joint au téléphone par l’AFP.
  
"Cette décision, inhumaine et choquante, n’est pas conforme à l’idée du droit qu’on peut se faire dans une démocratie normalement organisée. Le droit n’est pas respecté, a-t-il ajouté, précisant qu’il ferait appel de la décision.
  
La juge, le ministère public et l’avocate canadienne de Mme Gettliffe doivent fixer dans les deux prochaines semaines la date d’un procès qui pourrait se tenir en juillet prochain, a indiqué jeudi un tribunal de Vancouver (ouest canadien).
  
Mme Gettliffe, 35 ans, enceinte, demeurera donc en prison au moins jusqu’à son procès.
  
"Son compagnon, Francis Gruzelle, est très affecté bien que je l’avais préparé à cela, parce que (…) cela ne tourne pas rond dans ce dossier depuis le début", a ajouté Me Chambon. "On va se voir demain et mettre la pression pour alerter l’opinion internationale", a-t-il poursuivi.
  
Accusée d’avoir enlevé ses deux enfants, Maximilien et Joséphine, aujourd’hui âgés de 12 et 11 ans, Nathalie Gettliffe risque une peine maximale de 10 ans, selon le code pénal canadien.
  
Le 1er mai, la juge Margaret Mae avait mis en délibéré jusqu’au 11 mai sa décision sur une éventuelle remise en liberté conditionnelle de Mme Gettliffe.
  
La Française avait été interpellée à son retour au Canada, pays qu’elle avait fui en 2001 pour la France en compagnie de ses deux enfants.

Elle avait alors expliqué vouloir soustraire ces derniers à l’influence négative de leur père Scott Grant, un adepte de l’Église Internationale du Christ, considérée comme un "mouvement sectaire" selon un rapport parlementaire français datant de 1996, mais légale au Canada.
  
La jeune femme a eu depuis un troisième enfant avec son nouveau compagnon et est enceinte de plusieurs mois.
  
Selon Me Chambon, Nathalie Gettliffe se rendait à Vancouver dans le cadre d’une médiation sur la garde de ses deux enfants, ce que dément son ex-époux. La Française, qui détient également la nationalité canadienne, avait en outre à son programme la soutenance, le 12 avril, à l’université de
Colombie-Britannique (UBC), de sa thèse de doctorat.
  
A la suite du départ précipité en France de Nathalie Gettliffe avec ses deux enfants, un tribunal de Colombie-Britannique avait lancé en 2001 un mandat d’arrêt international contre elle. Le mandat avait été levé en 2004 et une médiation se poursuivait concernant les modalités de garde des deux
enfants.
  
Mais à son arrivée à l’aéroport de Vancouver le 10 avril dernier, la jeune femme a été interpellée par les autorités canadiennes, prévenues par son ex-époux de son retour sur le sol canadien.
  
Malgré la levée du mandat international au civil, le procureur général de Colombie-Britannique avait toujours la possibilité de poursuivre la jeune femme au pénal cette fois, pour enlèvement de ses propres enfants, ce qui a été fait, un nouveau mandat ayant été émis le 11 avril.

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