Un jeune pasteur d’une église dite "de réveil" (des pentecôtistes) s’est noyé lundi dernier sur une plage de Libreville en voulant marcher sur l’eau, comme le fit le Christ selon les Ecritures Saintes.
Le zélé serviteur a tout simplement laissé son âme en péril dans une mer impitoyable. Le photographe qu’il avait pris comme témoin du miracle et quelques fidèles auxquels il avait promis la guérison ne pouvaient qu’assister impuissants à sa lutte contre les flots qui se jouaient de son incrédulité.
Selon le quotidien gouvernemental "l’Union", qui a rapporté l’événement, notre pasteur d’origine camerounaise "aurait eu une révélation" lui permettant de rallier la pointe Dénis, séparée de Libreville par l’estuaire du Komo et nécessitant une traversée d’une vingtaine de minutes en bateau. Analyser ce drame d’origine spirituelle sans se référer aux Saintes Ecritures, nous paraît anachronique et pourrait même se révéler périlleux. En effet, Jésus-Christ a dit que celui qui a foi en lui peut faire plus de miracles que lui n’en a fait.
Est-ce parce qu’il a cru bien comprendre ce message-là, que le "messie" camerounais s’est estimé investi de cette mission de montrer à ses semblables de chair que lui aussi peut se réclamer de Christ Roi. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que, contrairement à son Maître, d’humilité il n’en fit pas preuve, lui qui, fort de sa conviction et non de sa foi, juge plus médiatique de s’entourer d’un imagier attitré pour que ses prouesses entrent un jour dans le Livre Guiness des records religieux.
Or, quelque part, il est écrit : "Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-même". C’est, croyons-nous, comprendre la sagesse que nous enseigne Ephesien dans son chapitre 2, verset 3. Le serviteur de Dieu ne semble donc pas avoir fait sienne cette exigence biblique. Quid de la révélation qui lui aurait été faite une nuit ? Laquelle, nous prévient-on, ne vient pas toujours de Dieu, Satan pouvant se déguiser aussi en ange de lumière. D’où la nécessité de quelques discernements.
Plutôt que de religieux, ne pourrait-on pas qualifier ici ce pasteur de sectateurs, quand on sait que les sectes constituent une menace pour la stabilité de nos sociétés au regard de ses animateurs plus enclins au sensationnel qu’à une crédulité sagement pensée. Dommage que l’Eglise vraie assiste impuissante à cette dérive, et que les pouvoirs publics se réfugient derrière la liberté de culte pour laisser faire. Car, que comprendre, qu’après seulement quelques semaines de formation biblique de qualité douteuse, on se proclame loup, pardon pasteur, pour servir à souhait son ventre en promettant monts et merveilles aux âmes affligées ? Malheureusement, cette situation semble s’inscrire dans l’ordre normal de la marche de l’histoire.
Que faire sinon recommander la prudence à tous. Car, si un bon disciple peut mieux faire que son maître, il est aussi évident qu’un mauvais disciple meurt forcément là où son maître a fait des exploits. C’est le cas de notre regretté pasteur qui n’aura pas la chance de se repentir comme son homologue américain qui avait appelé publiquement au meurtre du Président vénézuélien Hugo Chavez et qui, instinct de survie oblige, a fait machine arrière à plus de 120 excuses à la minute.
Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga