MONTRÉAL, 20 mai 2006 (AFP) – Un bras de fer s’est engagé au Canada entre le Québec et des écoles de villages autochtones opposées à l’enseignement de la théorie de l’évolution qui heurtent les croyances religieuses de certains parents d’élèves.

L’affaire a commencé lorsqu’un professeur de sciences d’un lycée de Salluit (nord du Québec) a été réprimandé et menacé de sanctions disciplinaires pour avoir parlé à ses élèves de la théorie de Darwin.

"Une mère m’a appelé, prétendant que j’avais dit à sa fille qu’elle était un singe", a déclaré Alexandre April à la chaîne de télévision CBC.

"La direction de l’école m’a dit de parler de l’évolution des animaux, mais pas de l’origine de l’homme", a-t-il ajouté.

M. April a cependant promis de tenir bon, déclarant au quotidien The Gazette que les élèves eux-mêmes étaient intéressés par cet enseignement. "Ils rient et me qualifient de singe, mais cela ne me dérange pas", a-t-il dit.

Le ministère québécois de l’Education a aussitôt condamné l’attitude de la direction de l’école, affirmant que "les commissions scolaires doivent appliquer tout le programme", selon une porte-parole citée par le quotidien La Presse.

"Le ministère descend peut-être, lui, des singes, mais nous sommes des Inuits et nous avons toujours été des êtres humains", a déclaré Molly Tayara, membre du conseil pédagogique du lycée de Salluit.
Elle a ajouté, dans une interview à la Gazette, qu’elle demandait à ses quatre enfants de sortir de classe dès que le nom de Darwin était mentionné.

Les Inuits, autochtones du nord du Québec, s’insurgent contre la théorie de l’évolution car elle heurte leurs croyances religieuses, majoritairement pentecôtistes.

Cette religion est très implantée dans cette communauté car "il est facile d’établir des parallèles avec le chamanisme qui était traditionnellement pratiqué par les Inuits", selon le professeur de religions Louis Rousseau, cité
par La Presse.