Les enfants sont une proie de plus en plus facile pour les sectes et l’engagement des pouvoirs publics contre les conséquences des dérives sectaires "s’avère très inégal", selon un rapport publié mardi par une commission parlementaire qui avancent 50 mesures pour protéger les mineurs. La "commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs" présidée par Georges Fenech (UMP, Rhône), s’est intéressée à la fois aux enfants vivant actuellement dans les sectes et à ceux qui risquent d’être touchés par ce phénomène.
Dix-huit enfants vivent coupés du monde dans une communauté pointée du doigt par la Commission d’enquête contre les sectes
La commission s’est inquiétée du nombre d’enfants concernés. Un des spécialistes interrogés parle d’un "minimum de 60.000 à 80.000 enfants élevés dans un contexte sectaire". Elle a travaillé à partir des témoignages d’anciens adeptes, de fonctionnaires en charge de l’enfance, de magistrats, d’un pédopsychiatre, etc et a mis en exergue les méfaits de l’endoctinement et de l’enfermement psychologique. Elle insiste particulièrement sur les conditions de scolarisation et sur le suivi médical (profil psychologique, accès ou non aux transfusions sanguines et à la vaccination).
Pas de listes
Les 50 mesures proposées concernent aussi bien l’éducation (redéfinition des critères autorisant l’instruction à domicile, contrôle des organismes d’éducation à distance), la santé publique (contrôle médical scolaire systématique quel que soit le type de scolarisation des enfants, unification des sanctions pour refus de vaccination des enfants, prise en charge des sortants des sectes, définition des "bonnes pratiques des psychothérapeutes), l’Intérieur (prendre davantage en considération l’intérêt de l’enfant dans le statut des associations cultuelles), la Justice (droits des grands parents, sanction de l’enfermement), etc…
La commission n’a pas produit de liste des sectes mais elle en a défini les caractéristiques, dont la déstabilisation mentale, le caractère exorbitant des exigences financières, l’embrigadement des enfants, sans oublier l’"abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse". Avant même d’être citées, certaines associations sont montées au créneau. Les Témoins de Jéhovah estiment devoir se trouver hors du champ d’investigation de la commission. L’Eglise de Scientologie, elle, réfute toute référence au mouvement sectaire. La Coordination des associations de particuliers pour la liberté de conscience (Caplc), conteste déjà les statistiques qu’auraient utilisées les parlementaires. (D’après agence)
Interview de Christian Vaneste : pourquoi je n’ai pas signé le rapport
Interrogé par LCI.fr, Christian Vaneste, député à Tourcoing, explique qu’après "avoir apporté sa contribution à la commission parlementaire", il a refusé d’en signer le rapport pour "une raison de terminologie". Il dit "regretter qu’on ne définisse pas de façon plus claire et précise les sectes, mouvements sectaires et dérives sectaires", alors que le terme secte n’est même pas défini juridiquement. Le bon exemple est à prendre, selon lui, chez les Belges : ils parlent de "sectes nuisibles", excluant ainsi tous les "mouvements spirituels minoritaires qui ne présentent pas de danger pour les personnes". (D.H.)