Mike D Yauch, polémiste américain réputé dans le domaine de la géopolitique et animateur d’un blog à succès, va mener l’enquête sur ce qui, selon lui, s’annonce comme une gigantesque manipulation de masse organisée par une organisation sectaire.

New Messiah.com est le premier album du scénariste belge Pierre Paul Verelst, employé dans une multinationale de la finance, ayant étudié l’économie et spécialisé en analyse financière. L’auteur est passionné d’histoire et de géopolitique et cela se sent dans cette histoire. En fin observateur de la situation politique et religieuse du monde actuel, il est conscient de la perte de repères philosophiques de certains individus et d’une certaine déliquescence du pouvoir de la religion. Verelst décrit, avec talent, l’incroyable campagne marketing d’une secte qui tend à vouloir prendre le monde dans ses rêts. Là où le scénariste pêche, c’est dans la caractérisation de One, le nouveau Messie et du message qu’il délivre. Pour l’instant, ce dernier est bien creux et insipide et le lecteur peine à croire que l’humanité, même en plein désarroi, puisse adhérer aux propos de ce nouveau sauveur ! De plus, les personnages secondaires sont trop caricaturaux pour nous intéresser, on a droit au sénateur corrompu, à la jolie petite amie qui sert au repos du guerrier et au télévangéliste issu de la Scientologie.

Seul Yauch semble montrer une consistance psychologique plus élaborée, même si elle nous est présentée maladroitement à l’aide de flash-backs . Pierre Paul Verelst a, certes de l’ambition dans son propos mais a encore bien du mal à maîtriser la dramaturgie de son récit ; laissons lui le bénéfice du doute sur ses capacités à proposer un récit fort et passionnant et attendons le second tome pour nous faire une opinion plus tranchée. Rappelons-nous que les débuts scénaristiques de Van Hamme, par exemple, étaient aussi en devenir.

Le dessinateur Jesus Redondo, après des années de dessin en Espagne et aux Etats-Unis, tente de percer sur le marché franco-belge ; il a déjà illustré pour le même éditeur et avec un style accrocheur les exploits de Kaliclès. Son graphisme, très professionnel, marqué par le style de dessin espagnol laisse peu de place aux émotions des personnages. Ceux-ci apparaissent dans des poses caricaturales, avec des regards vides d’expression. L’intrigue très statique de Verelst ne permet certes pas au dessinateur de montrer ses qualités graphiques. La mise en couleur glaciale de Fabien Alquier renforce encore le côté froid de cet album.

La critique peut sembler sévère mais l’impression de passer à côté d’une oeuvre intéressante est toujours très frustrante, alors espérons que les auteurs redresseront la barre lors du second épisode d’une série au potentiel certain.