LILLE (AP) — Deux ex-médecins, anciens membres du Graal, un mouvement d’inspiration chrétienne répertorié dans deux enquêtes parlementaires sur les sectes en 1995 et en 1999, comparaissent depuis lundi pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger devant le tribunal correctionnel de Lille (Nord).

Michel Saint-Omer, 59 ans, et Gérard Guéniot, 60 ans, sont soupçonnés d’avoir causé par défaut de soins la mort en 1997 d’Evelyne Marsaleix, une jeune mère de famille originaire du Val-de-Marne, qui était atteinte d’un cancer du sein.

Joseph Ohl, 71 ans, et son épouse, Françoise, 69 ans, qui ne s’est pas présentée au tribunal, sont également poursuivis pour non-assistance à personne en danger.
Ce couple de Tourcoing, membre à l’époque du Graal, avait accueilli la patiente dans une chambre au-dessus de leur commerce de produits diététiques. Evelyne Marsaleix devait y suivre un jeûne de trois semaines en janvier 1996. La jeune femme avait interrompu cette épreuve alors qu’elle se trouvait dans un état de santé catastrophique.

L’enquête avait alors débuté à la suite d’une plainte de l’Association de défense des familles et de l’individu (ADFI). L’association antisectes dénonçait entre autres certaines théories médicales, proche de l’ésotérisme, défendues par les deux médecins qui se réclamaient du mouvement du Graal et de son fondateur Abd-Ru-Shin, le "fils de la lumière".

Ces derniers, spécialistes d’homéopathie et d’acupuncture, avaient été consultés successivement entre février et mars 1995 par la jeune femme qui ne souhaitait pas poursuivre une première cure entreprise au centre anticancéreux de Villejuif (Val-de-Marne). Elle s’était alors tournée vers les médecines douces par crainte des effets de la chimiothérapie et de la radiothérapie.

"Notre rôle est d’accompagner les personnes cancéreuses. Nous aidons à supporter le traitement, c’est tout. Nous ne disons pas que nous soignons le cancer", ont soutenu les médecins à la barre.

La malade était convaincue qu’elle ferait disparaître son cancer grâce à des médicaments homéopathiques, des perfusions à base de plantes et des jeûnes. "J’avais une confiance absolue en eux", avait témoigné la malade avant son décès. "J’ai été manipulée". Le mauvais suivi médical de la patiente aura finalement aggravé la progression du cancer, selon une expertise.

De leur côté, les deux médecins, soutenus dans la salle par un important comité de soutien, expliquent que "la malade a toujours voulu elle-même s’occuper de ses traitements". Le reste "n’est que mensonge orchestré par l’ADFI", s’est défendu le Dr Guéniot. Le réquisitoire et les plaidoiries sont attendus mardi. AP