LILLE, 13 juin 2006 (AFP) – Une peine d’un an de prison ferme et deux ans avec sursis a été requise mardi contre deux ex-médecins, anciens membres de la secte Graal, jugés devant le tribunal correctionnel de Lille pour homicide involontaire après la mort en 1997 d’une patiente atteinte d’un cancer du sein.
  
Une interdiction définitive d’exercer la médecine a aussi été requise à l’encontre des deux praticiens suspendus par le conseil de l’Ordre, Gérard Gueniot, 60 ans, et Michel Saint-Omer, 59 ans, poursuivi également pour non assistance à personne en danger.
  
Le jugement a été mis en délibéré au 7 septembre.
  
Selon l’avocat général Dominique Hoflack, les deux hommes, spécialistes de l’homéopathie et d’acupuncture exerçant dans la métropole lilloise, ont prescrit "un traitement totalement inapproprié" à Evelyne Marsaleix, une mère de deux enfants, décédée à 31 ans en janvier 1997.
  
Cette dernière, dont le cancer avait été dignostiqué début 1995, craignait de suivre une chimiothérapie et s’était alors tournée vers MM. Gueniot et Saint-Omer.
  
Une peine d’un an de prison avec sursis a également été requise contre Joseph Ohl, membre du Graal, et sa femme Françoise, pour non assistance à personne en danger. A leur domicile un an avant son décès, la victime avait observé un jeûne de 21 jours et suivi des soins à base de cataplasme d’argile.
  
Partie civile au procès, l’Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (ADFI), a dénoncé les méthodes des deux médecins qui se réclamaient du Mouvement du Graal. Classé comme secte dans un rapport parlementaire de 1995, ce dernier recommande notamment les thérapies parallèles plutôt que la médecine classique.
  
Contre les ex-médecins, Mme Hoflack a demandé une peine "exemplaire au regard des idées extrêmement dangereuses que vous diffusez".
  
Les avocats des deux hommes ont plaidé la relaxe. Pour Me Francis Jacquot, la victime n’a consulté qu’une seule fois M. Gueniot qui l’aurait poussée à ne pas délaisser la médecine classique. Me Patrick Beucheur, défenseur de M. Saint-Omer, a fait remarquer que Mme Marsaleix avait elle-même refusé la
chimiothérapie, et même ensuite l’homéopathie.
 
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