Huit mois ferme pour avoir laissé mourir de faim leur enfant

AP | 03.06.05 | 20:50

BREST (AP) — La cour d’assises du Finistère a condamné vendredi les époux Pascale et Ronan Boucher à cinq ans de prison dont huit mois ferme pour avoir laissé mourir de faim leur petit garçon de 16 mois en 2000, en pratiquant la kinésiologie. La peine, conforme aux réquisitions de l’avocat général, est couverte par leur détention préventive.
Ce verdict satisfait Jean-Pierre Jougla, vice-président de l’UNADFI, Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu, partie civile au procès. «La dimension sectaire de ce crime a été reconnue», a-t-il déclaré à l’Associated Press. «Les parents étaient sous l’emprise de cette doctrine».
Le petit Kerywan ne pesait que six kilos à sa mort. Ses parents avaient introduit des règles alimentaires strictes dans leur pratique de la kinésiologie, qui prône le mieux-être par la connaissance des chaînes musculaires. Sa mère, bien que végétalienne, ne lui a jamais donné autre chose que son lait maternel.
«J’ai vu des photos de l’enfant, il présentait le même visage que ces enfants du Biafra avec les yeux qui mangent le visage», a indiqué M. Jougla.
Vivant dans le sud du Finistère, à Moëlan-sur-Mer, les époux Boucher avaient monté en 1995 une école de kinésiologie où ils prodiguaient leur enseignement. Selon M. Jougla, peu à peu, ils se sont éloignés de leurs voisins et de leurs proches, rejetant tous les avis et conseils contraires à leurs convictions.
Poursuivis pour non-assistance à personne en danger, les trois médecins chez qui ils allaient chercher des traitements homéopathiques ont été condamnés à 3.000 euros d’amende pour ne pas avoir signalé au parquet l’état de Kerywan à la fin de sa vie.
«Dans le supermarché des croyances qui grandit depuis une dizaine d’années (…) ce verdict met en garde tous ceux qui décident de se soigner eux-mêmes», a estimé Jean-Pierre Jougla.
Les époux Boucher, qui ont trois autres enfants, vivent désormais en région parisienne, a-t-il ajouté. Ils doivent respecter une mise à l’épreuve de trente mois. «Dans les propos qu’ils ont tenus au procès, il me semble que leurs convictions restent intactes», a indiqué M. Jougla. AP