Correctionnelle
Ordre du temple solaire : Tabachnik en appel
Grenoble (Isère) DE NOTRE CORRESPONDANT

DIX ANS après le massacre des adeptes de l’Ordre du temple solaire (OTS) dans le Vercors (16 morts en décembre 1995 à Saint-Pierre-de-Chérennes, en Isère), la justice n’a toujours pas soldé ce dossier. Et, malgré le procès en appel qui doit s’ouvrir aujourd’hui à Grenoble, la vérité judiciaire de cette affaire risque de se faire encore attendre. Les débats pourraient être renvoyés, comme ce fut déjà le cas, le 22 septembre 2003 et le 14 juin 2004.
Ces deux reports trouvaient leur origine dans la mise en examen « pour violation du secret de l’instruction et du secret professionnel » du docteur Jean-Marie Abgrall, auteur d’une expertise sur les dérives ésotériques de l’OTS.
Les silences du psychiatre Les magistrats avaient estimé qu’il était impossible d’examiner sereinement un dossier aussi sensible avec un spécialiste dont la probité était mise en cause. M e Francis Szpiner, l’avocat du seul prévenu dans cette affaire, le chef d’orchestre franco-suisse, Michel Tabachnik, s’était indigné, dénonçant « le délai insupportable » imposé à son client. Tabachnik, poursuivi pour « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime », avait été relaxé en première instance en avril 2001. Aujourd’hui, l’instruction concernant Abgrall suit son cours à Paris, et les parties civiles demandent à nouveau le renvoi du procès en appel. Le président Buisson pourrait leur donner gain de cause malgré ses déclarations de 2004 : « Il n’y aura pas d’autre renvoi quelle que soit la situation judiciaire de M. Abgrall. » Certains connaisseurs du dossier font remarquer que M e Leclerc, l’avocat de la famille Vuarnet, dont deux membres ont péri dans le massacre du Vercors, est à l’origine des ennuis de Jean-Marie Abgrall. L’expert psychiatre est devenu un personnage central de l’affaire en déclarant début 2003 dans « Nice Matin » : « L’OTS, c’est une vérité qui nous dépasse, qui va jusqu’au secret d’Etat. Je m’exprimerai un jour… » Qu’a-t-il voulu dire ? L’homme reste depuis silencieux. « Il faut qu’il s’explique », clame Alain Vuarnet qui, depuis des années, affirme que les victimes du Vercors « ont été supprimées par des intervenants extérieurs qui ont pris la fuite ». La justice a livré une conclusion opposée : pour l’accusation, deux adeptes de l’OTS, le policier français, Jean-Pierre Lardanchet, et l’architecte suisse, André Friedli, auraient tué les quatorze autres personnes avant d’allumer un bûcher et de se donner la mort.

Michel Tabachnik, seul prévenu dans le procès de l’Ordre du temple solaire. (AFP/J.-P. CLATOT.)