S’interrogeant sur les nombreuses dérives thérapeutiques qui lui étaient signalées, la commission « Santé, éthique, idéologies » du GEMPPI, avec le soutien des membres du CCMM régional, a tenté d’approfondir cette question en organisant le 8 octobre dernier à Marseille un colloque national sur le thème : Les refus de soins pour causes idéologiques. Les médias ne se sont pas trompés sur l’importance du phénomène, car le journal télévisé de FR3 a diffusé un reportage le soir même sur ce colloque qui se tenait dans l’Espace Ethique Méditerranéen(1) de l’hôpital de La Timone en soulignant plus particulièrement les témoignages relatifs à l’abstention de soins chez des kinésiologues(2) et de transfusions sanguines chez des témoins de Jéhovah (3)

Nous étions bien inspirés de traiter de ce sujet, car il semblerait que nous assistons à une structuration du discours anti-médical et une internationalisation du phénomène.

Il suffit de se rendre sur certains sites Internet pour le vérifier. Pour illustrer notre propos nous avons choisi, sur un de ces  sites Internet, quelques extraits du texte d’explication et de protestation du Dr Scohy, radié de l’ordre des médecins en France (en fait, il avait démissionné quelques mois avant la sanction) pour s’être opposé à la vaccination généralisée de la population.

Nous y retrouvons un argumentaire qui est devenu très courant dans les milieux new age et chez les adeptes des médecines parallèles.

Il se caractérise le plus souvent par :

          Une théorie du grand complot des politiques, des laboratoires et du lobby médical

          La négation de la médecine classique et de ses fondements

          On induit les patients directement ou indirectement, ouvertement ou subtilement  à refuser les soins médicaux classiques, même lorsqu’ils ont de graves maladies

          On nie l’existence du SIDA (ceci devient de plus en plus fréquent)

          On affirme de manière dogmatique que toutes les maladies ont une cause première d’origine psychologique, voire spirituelle et que la médecine classique ne traite que les symptômes

Chacun pourra imaginer les graves conséquences possibles de telles doctrines sur des malades

Ci-dessous, le Dr Scohy, nous donne sur son site Internet www.alain-scohy.com, (octobre 2005) un exemple proche de ce que nous décrivons plus haut :

« Amalgamé aux sectes au milieu d’autres médecins psychosomaticiens, je suis montré du doigt…Je serais un adepte inconditionnel de Hamer (4) et Sabbah. C’est faux et je suis d’ailleurs considéré plus ou moins comme un hérétique par l’un et par l’autre. (Hamer n’admet pas que je n’ai pas étudié directement avec lui, Sabbah n’admet pas que je travaille sur l’hygiène de vie, parallèlement à la psychosomatique). (…) Je suis en particulier en désaccord complet avec le Dr Hamer pour le décodage du cancer du sein. Je pense qu’il s’est trompé(…)

En ce qui me concerne, j’ai compris − depuis ma "radiation de l’Ordre" − que seul le patient peut se guérir et qu’il a surtout besoin d’être accompagné sur le plan psychothérapeutique. Il est bien clair que chacun est libre de prendre par ailleurs les traitements de son choix(…)  Je recommande la prise de vitamines non pas pour guérir mais pour "faciliter" les processus de guérison. J’ai démissionné de l’Ordre des médecins le 1er avril 1996. L’Ordre National des médecins m’a néanmoins radié en septembre 1996(…) J’exercerai librement la MEDECINE en Espagne. Je n’exerce plus la médecine qui ordonne et décide pour les autres. J’accompagne les personnes qui me le demandent sur le plan psychologique. Cet accompagnement est basé sur la dimension psychosomatique évidente et incontournable de toutes les pathologies.

Le paradigme psychosomatique est apparu en 1917 avec le psychanalyste Groddeck(…)Il a été approfondi considérablement par le Dr Hamer(4) à partir de 1978. Ce dernier a d’ailleurs pu apporter la preuve objective de la dimension psychosomatique des pathologies grâce à la lecture des scanners cérébraux (reconnue sur le plan scientifique universitaire).
Il est exact que je nie le caractère "pathogène" des bactéries. Les bactéries sont là pour démonter les pathologies et nous guérir, à l’image des mouches qui ont pour rôle de faire disparaître le tas de fumier en le diffusant dans l’humus environnant.
Ce sont nos microzymas qui construisent les bactéries lorsque c’est nécessaire. La réalité des microzymas et leur importance a été scandaleusement cachée à nos concitoyens par Pasteur et ses successeurs. Les virus relèvent d’une HYPOTHESE.

LEUR REALITE N’A PAS ENCORE ETE DEMONTREE. Personne n’en a jamais vu. Les belles images fournies par Aventis Pasteur sont, de leur aveu même, créées par des infographistes. Il n’en est nul besoin pour expliquer les pathologies et les maladies dès lors que la dimension psychosomatique est admise.
Je mets au défi tous les virologues et biologistes du monde entier de me prouver la réalité d’un virus et ses caractéristiques parfaitement saugrenues(…) Il est clair que le SIDA est une entité fabriquée de toute pièce par des politiques et des médecins dans une finalité d’eugénisme. Le SIDA n’a aucune individualité propre. C’est une notion vague qui recouvre plus de 39 maladies différentes.
Il est clair que les personnes qui sont déclarées séropositives ne meurent pas du SIDA.

Les causes de leur mort peuvent être :
la peur et le désespoir qui peuvent entraîner des mécanismes suicidaires plus ou moins conscients, l’œdème cérébral compte tenu de l’impact des traumatismes psychiques multiples subis par ces gens (5), l’empoisonnement par les thérapies officielles qui sont des poisons bien pires que la mort aux rats.
(…) Je ne demande à personne de stopper son traitement, chacun reste libre. Mais je ne peux pas "conseiller" à quelqu’un de continuer à prendre du poison.
 La SECTOPHOBIE est l’arme de prédilection des politiques et des gens de pouvoir dans la France de notre temps(…)

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1) Espace Ethique Méditerranéen , hôpital de La Timone, Marseille (www.medethique.com)

2) Kinésiologie. Kerywan, mort de faim. L’Express du 30/05/2005. Comment, au nom de croyances antimédicales, des parents ont laissé mourir leur fils de 16 mois et demi. Procès à Quimper  Le 12 novembre 2000. Cet événement ne serait qu’un sordide fait divers si l’instruction judiciaire du juge Richard Foltzer n’avait mis en évidence le rôle d’ «une idéologie aux implications médicales», la kinésiologie, dont les époux Boucher étaient des apprentis gourous locaux. Le procès d’assises de Quimper devrait montrer en quoi des croyances antimédicales associées aux fautes professionnelles de médecins peuvent produire un cocktail criminel.

3) Plusieurs membres de l’ADFI Nord Pas-de-Calais étaient venus apporter un témoignage. De plus, le Comité Consultatif National d’Éthique pour les sciences de la vie et de la santé (12 juin 2005) donnait cet avis au chapitre "Refus de transfusion" : "Des gynécologues obstétriciens ont fait remarquer que l’hémorragie lors de l’accouchement est la première cause de mortalité maternelle en France, et que (selon une étude américaine publiée en 2001) le taux de mortalité des femmes Témoin de Jéhovah qui accouchent est quarante fois plus élevé que celui des femmes qui n’appartiennent pas à cette communauté".

4) Condamnation définitive du guérisseur allemand Ryke Hamer.  2 juin 2005 (AFP) – La condamnation par la Cour de cassation de Paris du guérisseur allemand Ryke Hamer à trois ans d’emprisonnement pour escroqueries et complicité d’exercice illégal de la médecine est désormais définitive. Le 1er juillet 2004, la cour d’appel de Chambéry avait établi la culpabilité de M. Hamer, médecin allemand interdit d’exercice depuis 1986, qui voit dans toute maladie la manifestation d’un "choc psychique intense" et encourageait des patients, notamment atteints de cancer, à cesser leurs traitements traditionnels.  En ce qui concerne l’escroquerie, la Cour relève notamment que pour déclarer Ryke Hamer coupable, "l’arrêt retient qu’interdit d’exercer la médecine en
Allemagne et ne pouvant l’exercer en France, il a néanmoins usé de la qualité de médecin pour tromper des malades et les déterminer à des remises de fonds".  La première plainte contre Hamer avait été introduite en 1996 par un homme dont l’épouse, atteinte d’un cancer du sein, avait abandonné tout traitement. Elle était décédée des suites de sa maladie après avoir refusé son placement à l’hôpital.

5) Il s’agit là d’éléments typiques de la doctrine de l’ex Dr Hamer