INTERVIEW – Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, alerte les familles.

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) publie ce jeudi un guide intitulé «La protection des mineurs contre les dérives sectaires». Un ouvrage pour aider les professionnels en charge de l’enfance à détecter la maltraitance psychique comme l’explique Georges Fenech, son président.

LE FIGARO.- En quoi ce guide est-il utile?

Georges FENECH.- Destiné aux acteurs de terrain qui s’occupent des enfants, comme les éducateurs ou les enseignants, il offre une grille de lecture pour identifier la maltraitance à caractère sectaire. Il donne des indications sur la manière de réagir et d’informer les institutions. Il s’adresse aussi aux familles.

Estimez-vous que ces professionnels ne sont pas assez formés?

Beaucoup ne sont pas en mesure de détecter une souffrance psychique. Ils craignent par ailleurs, en pénétrant dans la sphère privée, de porter atteinte aux libertés, notamment de croyance. Ce guide veut faire tomber ce tabou et réveiller les consciences. Ces responsables ont un devoir d’ingérence dès qu’il y a un doute.

À combien estime-t-on le nombre d’enfants concernés par les dérives sectaires?

Ils sont entre 50.000 et 60.000 touchés par ces dérives. Parmi eux, on en dénombre plus de 5000 particulièrement en danger car évoluant dans des cellules communautaires fermées.

Qu’en est-il de l’étude lancée par l’Éducation nationale?

Destinée à évaluer le nombre d’enfants déscolarisés et suivant un enseignement à domicile, elle devrait être bouclée l’an prochain. On sait que parmi ces situations, il y a des victimes d’emprise mentale. Selon les chiffres de l’Éducation nationale, 13.475 enfants ont quitté l’école. Une autre étude lancée par l’Oned (Observatoire national de l’enfance en danger) à la demande de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) portera sur l’enfance en danger, ces jeunes qui sont parfois placés et la cible de sectes.

Y a-t-il un phénomène exposant particulièrement les enfants?

De plus en plus de parents confrontés à la maladie touchant leur enfant se tournent vers des gourous thérapeutiques. Ces derniers leur parlent de «l’enfant élu, d’un être exceptionnel» et les somment d’arrêter la médecine conventionnelle. Internet ferre ces familles désespérées. En parallèle, il y a un véri­- table engouement pour ces médecines alternatives. Des psychothérapeutes autoproclamés proposent des solutions charlatanesques et exercent une emprise mentale. Notre prochain guide, destiné aux médecins et aux familles, portera sur ce phénomène.

À quel autre phénomène la Miviludes reste attentive?

2012 arrivant à grands pas, nous sommes vigilants à l’égard de tous les mouvements qui prônent l’apocalypse cette année-là. Nous leur consacrerons une étude publiée l’an prochain.

Angélique Négroni

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