Des milliers de Français participent à des stages de jeûne alimentaire afin de se sentir mieux physiquement et mentalement

«On est foutu, on mange trop » , chantait Alain Souchon il y a quelques années déjà dans l’un de ses albums. Au-delà de cette phrase qui pourrait passer pour un slogan de lutte contre la société de consommation, force est de constater que beaucoup de Français considèrent qu’ils mangent trop, de façon déséquilibrée, voire carrément mal. L’un des moyens d’y remédier est de pratiquer un«jeûne thérapeutique» , après avis de son médecin traitant, pendant un ou quelques jours, plus ou moins régulièrement. Bien entendu ce type de jeûne n’a rien, ou peu, à voir avec le jeûne de Carême des chrétiens ou le Ramadan des mu sulmans.

Mode ou tendance forte, cette forme de jeûne est cependant en train de prendre de l’ampleur en France. Venue de Suisse, d’Allemagne et d’Autriche où elle se pratique surtout depuis les années 1970, cette abstinence alimentaire est censée purifier l’organisme en éliminant les toxines, perdre du poids et recouvrer un bien-être physique et mental. « Le jeûne est conseillé pour atténuer des maladies chroniques comme les migraines, les allergies, l’asthme et les rhumatismes, et prévenir des pa thologies telles que l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’obésité et le diabète», affirme Françoise Wil helmi de Toledo, médecin nutrition niste suisse, directrice de cliniques organisant des cures de jeûne, assez onéreuses toutefois. Ces cliniques se développent en Allemagne et en Espagne, tandis qu’en France plusieurs structures, associatives ou privées, organisent des stages de jeûne associé à des activités de yoga ou de randonnée. «Le jeûne est bénéfique dans la mesure où nous sommes suralimentés et que nous ingérons quantité de produits chimiques comme les pesticides. Combiné avec la marche, il pousse l’organisme à puiser dans ses ré serves qui, théoriquement, lui per mettent de tenir deux à trois mois », indique Henri Joyeux, professeur de cancérologie spécialisé en nutrition à l’université de Montpellier.

Connu depuis l’Antiquité, et pra tiqué pour des raisons médicales, de recherche de bien-être, ou bien spirituelles, le jeûne résulte de l’abstention de prise de nourriture. Lorsqu’aucun aliment n’est absorbé, l’organisme est en effet contraint de puiser en lui-même son énergie. Il va d’abord utiliser le glucose, stocké sous forme de glycogène dans le foie et le muscle, puis les acides gras du tissu adipeux, et enfin, les protéines musculaires entraînant une « perte de muscle » et donc un amaigrisse ment. Le jeûne doit être suivi par un médecin. Il peut se pratiquer en groupe, ou bien chez soi, si pos­sible à plusieurs, car cela est alors plus facile. Il dure en général de un à six jours. Sa fréquence est variable: annuelle, semestrielle, trimestrielle, mensuelle. Yannick Noah, quant à lui, jeûne deux fois quinze jours par an ! Bien entendu, il ne s’agit pas d’un jeûne total, mais d’un jeûne avec prise de boisson, le jeûneur devant boire au moins 2 à 3 litres d’eau par jour de façon à ab sorber des oligo-éléments. En outre, il doit être en bonne santé, et ne pas prendre de médicaments ni suivre de traitement contraceptif.
« Nous organisons des sessions toute l’année dans la Drôme. Pendant une semaine, les personnes boivent 2 à 3 litres d’eau et de tisanes par jour, et le soir un bouillon clair, tout en marchant environ cinq heures par jour , explique Gisbert Bölling. À la fin de la semaine, la réalimentation est progressive, à base de crudités, de légumes et de fruits, avec de l’huile d’olive, un petit peu de viande, des laitages mais pas de lait» , indique t-il.
DENIS SERGENT

L’art de jeûner, F. Wilhelmi de Toledo, Éd. Jouvence, 2005, 18,50 €.

Les surprenantes vertus du jeûne, Sophie Lacoste, Éd. Leduc. s, 2007, 192 p., 9,90 €.

Fédération française de jeûne et ran donnée  <http://www.ffjr.com> www.ffjr.com

Le jeûne doit être suivi par un médecin. Il peut se pratiquer en groupe, ou bien chez soi, si possible à plusieurs, car cela est alors plus facile.