Claude David est libre. Lundi, en fin de journée, ce psychologue et psychanalyste âgé de 66 ans, leader d’un groupe d’une trentaine de personnes, une communauté baptisée les Gens de Bernard installée depuis 1997 dans le beau château de briques rouges de Belberaud, a quitté sa cellule de la maison d’arrêt de Seysses.
Écroué depuis le 19 janvier, il y a un peu plus de quatre mois, il passait l’essentiel de ses journées à écrire des textes en vue de futures conférences. Son avocat, Me Guy Debuisson, avait demandé cette remise en liberté qui a finalement été accordée par le juge d’instruction Philippe Colson. Une décision qui a provoqué la surprise en raison de la gravité de l’affaire et de l’avis défavorable du parquet. La remise en liberté est assortie de deux interdictions : séjourner en Midi-Pyrénées et exercer la profession de psychanalyste.
Claude David n’en a pas fini pour autant avec la justice. Le parquet a tout d’abord fait appel de sa libération. Et le psy est toujours mis en examen pour de lourdes infractions : « abus de faiblesse aggravé par la qualité de dirigeant d’un groupe sectaire, agressions sexuelles sur mineurs, violences habituelles sur mineurs de 15 ans, abus de confiance et violation du secret professionnel ». L’instruction se poursuit. Des confrontations devraient notamment avoir lieu.
Les six personnes qui ont porté plainte dénoncent l’emprise morale et physique de ce psy que certaines suivaient depuis des années et qui demeurait donc avec ses patients. Elles décrivent un tyran qui n’hésitait pas à frapper.
Avec les ados, Claude David, qui s’était découvert homosexuel, se serait aussi livré à des attouchements. Pour Me Debuisson, « Claude David est un psychanalyste brillant. Il a voulu vivre en communauté ce qui a fait de lui le patron de ce groupe, mais ce n’est pas un gourou. »
Pour l’avocat, « les plaignants avaient suffisamment de recul pour partir. Personne n’était enfermé. » Depuis l’incarcération du psy, les habitants du château n’ont d’ailleurs eu de cesse de le soutenir. Les victimes ont -elles été consentantes ? C’est toute l’ambiguïté de ce type de dossier. Mais pour l’accusation, comme pour les associations antisectes, la ligne jaune a bel et bien été franchie.
Jean-Noël Gros
la dépêche du midi mercredi 6 juin 2007