SAINT-DENIS-DE-LA REUNION, 4 août 2007 (AFP) – Toutes les forces de sécurité de la Réunion étaient mobilisées samedi pour retrouver Alexandre, 12 ans, enlevé la veille par des membres présumés d’une secte dont le gourou a été condamné pour viol.

Le jeune garçon a été enlevé vendredi soir au domicile de ses parents dans un appartement du centre de Saint-Denis.

Selon sa mère, quatre personnes encagoulées ont fait irruption chez elle vers 19h30, l’ont "ligotée et bâillonnée" ainsi que la grand-mère d’Alexandre en attendant l’arrivée de l’enfant sorti pour une promenade.

A son retour, les ravisseurs ont frappé son oncle qui l’accompagnait avant d’emmener Alexandre dans une voiture, retrouvée dans la nuit incendiée à Saint-Leu (côte ouest).

Selon le vice-procureur de la République de Saint-Denis, Dominique Audureau, l’enquête s’est immédiatement orientée vers une secte "catholique" dont le gourou,

Juliano Verbard, 25 ans, a été condamné pour le viol d’un jeune garçon
en 2006.

Cette secte baptisée "Coeur douloureux et immaculé de Marie" a été fondée en 2001 par le jeune homme, 19 ans à l’époque. Il se faisait appeler par ses adeptes "petit lys d’amour", nom donné par la Vierge lors de ses "apparitions" chez lui à Saint-Paul, prétendait-il.

En août 2003, il a été écroué pour le viol d’un enfant de choeur de 13 ans dont les parents étaient membres de la secte.

Libéré en août 2004 après avoir affirmé s’être fait violer en prison, Juliano Verbard a été condamné par contumace à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises en octobre 2006.

Depuis, il est activement recherché et plusieurs de ses complices ont été arrêtés.

Alexandre, qui compte dans sa famille un proche de la secte, selon sa mère, avait déjà été enlevé le 9 juillet pendant une nuit et retrouvé le lendemain, sain et sauf.

Il a raconté à ses parents que ses ravisseurs voulaient lui donner "un talisman pour protéger sa famille" et l’ont fait assister à une messe nocturne.

"Ils voulaient l’endoctriner", a déclaré sa mère. L’évêque de la Réunion, Mgr Gilbert Aubry, a appelé samedi les fidèles catholiques disposant d’indices sur l’affaire de les communiquer à la police.

"C’est un devoir de conscience. Cet homme est dangereux pour les familles et la société. Vous ne pouvez pas le cacher", a-t-il dit.

Mgr Aubry s’est adressé directement au responsable de la secte. "Et toi Juliano, ça suffit. Cesse de faire du mal, rends-toi à la justice", a-t-il déclaré à la télévision.

Cette affaire est suivie "heure par heure" par le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Christian Estrosi, ont indiqué ses services. Il a demandé au préfet la mise en place d’une cellule de crise avec des représentants de toutes les forces de sécurité (police, gendarmerie, douanes, Eaux et Forêts, police
municipale).

Plusieurs perquisitions ont été effectuées dans diverses communes et des barrages installés sur les routes.

Le parquet de Saint-Denis a diffusé un portrait du jeune garçon et deux numéros de téléphone, appelant la population à transmettre toute information sur l’affaire. Le numéro d’immatriculation d’une voiture ayant servi aux ravisseurs a également été communiqué.

Ces informations diffusées par tous les médias n’avaient toujours pas permis, samedi en milieu d’après-midi, de retrouver le jeune garçon.

Le vice-procureur de la République a qualifié le rapt de "crime odieux" et rappelé que les complices de la secte risquent 5 ans de prison.