SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION, 6 août 2007 (AFP) – Quinze personnes étaient toujours en garde à vue lundi à la Réunion après l’arrestation des ravisseurs d’un garçon de 12 ans, membres présumés d’une secte, dont l’organisation avait un fonctionnement "presque paramilitaire", selon la police.

Alexandre a été libéré sain et sauf dimanche soir par une trentaine de policiers à Tampon, commune située sur les hauteurs du sud de l’île.

Pour les principaux responsables du rapt, dont le gourou de la secte Juliano Verbard, 25 ans, une instruction sera ouverte prochainement pour "enlèvement et séquestration en bande organisée sur mineur de 15 ans", a indiqué le vice-procureur de la République de Saint-Denis Dominique Audureau, lors d’un point de presse.

Les adeptes de la secte pourraient être poursuivis pour "non dénonciation de crime, non assistance à personne en danger ou recel de malfaiteurs". "C’est la première fois à la Réunion qu’autant d’effectifs de police, de gendarmerie, des douanes, voire de la police municipale ont été mobilisés sur
une affaire", s’est félicité M. Audureau.

La secte à l’origine de l’enlèvement avait "une organisation presque paramilitaire", s’apparentant à du "grand banditisme", a souligné pour sa part le directeur départemental de la police, François Perrault.

"On est vraiment face à un phénomène sectaire lié à une organisation presque paramilitaire dans la répartition des rôles, les systèmes de fuite, les changements très fréquents de domicile", a-t-il dit. Les ravisseurs et d’autres adeptes circulaient essentiellement de nuit et "évitaient d’utiliser les mêmes
véhicules, circuits, et téléphones".

Les affaires précédentes, dont le viol d’un enfant pour lequel Juliano Verbard a été condamné en 2006, "les ont aguerris et les ont fait monter en puissance dans la gravité des actes commis", selon M. Audureau.

"Ils avaient toujours un sac à portée de main pour pouvoir déguerpir", a-t-il indiqué, d’où "la difficulté rencontrée par les enquêteurs".

"On avait une liste des adeptes. Mais comme ils savaient qu’ils étaient suivis, ils employaient les méthodes du grand banditisme pour nous semer. Ils faisaient des longs détours pour aller d’un point à un autre, passaient trois fois par le même rond point alors que c’étaient des personnes âgées, hommes et femmes, chez qui on n’aurait jamais soupçonné une telle attitude", a expliqué l’adjudant chef Sécard, directrice de l’enquête à la gendarmerie.
"Ils étaient prêts à tout pour protéger le chef de la secte", a-t-elle
ajouté.

"Pour les disciples, Alexandre était le successeur désigné de Juliano Verbard, le nouveau messie. Ils pensaient que s’il arrivait quelque chose à +Petit lys d’amour+ (nom de secte de Verbard), il fallait pouvoir le remplacer", a déclaré le commissaire Perrault.

"Ce qui nous a frappés dans la maison où était séquestré Alexandre, c’est la fascination qu’il exerçait sur les femmes de la secte. Elles étaient choquées de devoir se séparer de lui. L’une d’entre elles nous a dit agir pour la gloire de Dieu et qu’elle assumait sa complicité", a-t-il précisé. Dimanche, la secte se préparait à commencer une cérémonie quand les policiers sont intervenus. "C’était la date anniversaire de la première apparition de la Vierge à Juliano Verbard, en août 2001, dans un cocotier, à
Saint-Paul", a rappelé le directeur de la police.

Les enquêteurs ont exclu que la secte puisse disposer de beaucoup d’argent. "Il y avait des rentrées régulières mais elle vivait chichement. Le gourou ne cherchait pas à constituer une fortune", a déclaré le vice-procureur.
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