Persécutés pendant des siècles, ils venaient de voir leurs droits reconnus.
Par Hélène Despic-Popovic
Le Monde jeudi 16 août 2007Les attentats meurtriers d’hier ont touché la minorité yézidie, forte de quelque 500 000 membres, qui vit essentiellement dans le nord de l’Irak, dans la région de Mossoul. Cette communauté préislamique de langue kurde a été longtemps considérée à tort par les musulmans et les chrétiens comme une secte d’adorateurs du diable.

Les fidèles de cette religion ésotérique, dont la cosmogonie emprunte des éléments au zoroastrisme iranien, vénèrent Malak Taus, le premier des sept archanges créés par Dieu, et représenté par un paon. Ils seraient quelque 600 à 800 000 dans le monde, essentiellement dans le Caucase (Arménie, Géorgie) et au Moyen-Orient (Turquie, Syrie).

Attentat en Irak contre une communauté préislamique
Chrétiens et musulmans identifient Malak Taus à Satan parce qu’il porte en arabe le nom de Shaytan, qui est celui de Satan dans le Coran. Il est pourtant interdit aux Yézidis de prononcer le mot «diable». Ils croient que le bien et le mal coexistent en l’homme et que c’est à lui de choisir entre eux.

Cette secte, dont les membres ne peuvent pas se convertir à d’autres religions, est divisée en castes. Les adeptes croient avoir été spécifiquement créés à partir d’Adam et non pas d’Adam et Eve comme le reste des humains. Ils ne peuvent pas se marier à l’extérieur du groupe, pas plus qu’à l’extérieur de leur caste. Et ils doivent respecter de nombreux interdits alimentaires, rejetant notamment la laitue.

Persécutés pendant des siècles, notamment sous Saddam Hussein, ils ont vu leur droit à pratiquer leur culte reconnu dans la nouvelle constitution irakienne. Ils ont trois députés, sur les 275 sièges de l’Assemblée nationale irakienne, élus sur la liste kurde, et deux sièges sur 111 au Parlement autonome kurde.