WASHINGTON, 9 mars (AFP) – La communauté scientifique américaine monte au créneau pour tenter de contrer l’influence des partisans dits de l’"intelligence supérieure", une nouvelle théorie sur l’origine de la vie sur terre, que les Darwiniens considèrent comme relevant du néocréationnisme.
Ce nouveau mouvement, qui estime que seul un être supérieur peut être responsable de la complexité des formes apparues sur Terre, est de plus en plus présent dans les publications et forums scientifiques américains.
La théorie de l’évolution a été largement admise comme base de toute explication scientifique sur les radiations animales et végétales depuis la rédaction il y a 145 ans de l’"Origine des espèces" de Charles Darwin.
Mais le soutien à la nouvelle théorie accordé par un certain nombre de biologistes a placé les Darwiniens sur la défensive, tout en apportant de l’eau au moulin des groupes religieux conservateurs qui récusent la théorie de l’évolution.
Les scientifiques Darwiniens brandissent le spectre d’un mélange de genre alliant politiciens ultra-conservateurs et traditionnalistes religieux.
"C’est à la base un mouvement chrétien", estime Barbara Forrest, professeur de philosophie à l’université du sud-est de Louisiane, chef de file des anti-néocréationnistes..

Les partisans de ce mouvement de "l’intelligence supérieure" affirment que la théorie de l’évolution n’arrive pas à répondre à certaines questions sur le développement de certaines formes vivantes.
"La science ne progresse pas en ignorant quelque chose qui apparaît évident", déclare Michael Behe, professeur de biochimie à l’université Lehigh,
et ardent avocat de la nouvelle pensée.

Elle stipule notamment que certaines structures chez des êtres tels que les
flagellés, ou les ailes de mouches du genre Drosophila, ne peuvent être expliquées par le seul concept darwinien de la sélection naturelle.

M. Behe estime que la complexité des flagellés et de certains "mécanismes" présents dans les cellules n’a pas pu évoluer à partir d’autres formes vivantes.
Les Darwiniens, qui représentent la très grande majorité des scientifiques, estiment quant à eux que Behe et ses partisans s’"approprient ce qui est encore inconnu pour conclure à leur création par une intelligence supérieure".

La polémique croît depuis ces derniers mois aux Etats-Unis, et a parfois des ramifications politiques.
Un biologiste connu, Richard Sternberg, a déposé plainte contre le muséum
Smithsonian de Washington qui l’avait présenté comme un fondamentaliste religieux pour avoir participé à la publication d’une étude scientifique en 2003 avec un ténor néocréationniste, Stephen Meyer.
Dans l’ouest, l’Institut Discovery, un groupe de réflexion conservateur basé à Seattle (Washington), défend avec vigueur la nouvelle théorie.
Jonathan Wells, docteur en biologie moléculaire et en études religieuses, et membre du Discovery, estime que le débat actuel montre "les limites du Darwinisme".
Les scientifiques peuvent conclure à l’existence de "l’intelligence ,supérieure" de manière empirique évidente, dit-il. Mais pour lui,définir le "responsable de cette intelligence" va au-delà des possibilités de la science. Wells rejette ceux qui qualifient les partisans de la nouvelle théorie de "néocréationnistes" qui s’appuieraient sur une explication biblique des origines de la vie.

Les créationnistes essaient régulièrement de faire entrer leur théorie dans l’enseignement de la biologie. En novembre, les chefs d’un établissement scolaire à Dover (Pennsylvanie, est) ont demandé aux professeurs d’inclure la théorie de "l’intelligence supérieure" dans les cours de biologie de 4e.

Les avocats de la théorie créationniste sont encouragés par un communiqué publié en 1999 par le gouverneur du Texas de l’époque, l’actuel président George W. Bush, pour qui "les enfants doivent être soumis à plusieurs théories sur les origines du monde".
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