es sectes ont changé de stratégie et se servent désormais de nouveaux procédés, dont l’infiltration de formations professionnelles ou personnelles : voilà ce qui ressort du quatrième rapport annuel de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), publié mercredi 24 janvier.
L’iboga épinglé
Dans son rapport, la Miviludes attire l’attention sur l’usage de plus en plus répandu d’une plante, l’iboga, lors de stages de “mieux-être”. L’iboga a des effets stupéfiants s’il est consommé en quantité, et peut d’ailleurs servir de substitut à la méthadone lors de cures de désintoxication. Le ministère de la santé indique que “l’iboga constitue, à forte dose, un hallucinogène et qu’à faible dose, il peut être considéré comme un psycho-stimulant”. La mission parlementaire d’enquête sur les sectes avait demandé l’inscription de l’iboga sur la liste des stupéfiants.
Selon ce rapport, les sectes délaissent les traditionnels gourous, à l’image trop prosélyte, au profit de “formateurs”, plus aptes à passer inaperçus. Ces personnes prennent contact avec les adeptes potentiels par l’intermédiaire de formations en tout genre, professionnelles ou personnelles.
UTILISATION DE L'”ARME JURIDIQUE”
La Miviludes mentionne ainsi la formation de “praticien en analyse et réinformation cellulaire”, qui “vise à rétablir l’harmonie entre le corps, l’esprit et son environnement”, et n’est pas reconnue, ou encore la formation de Doula, pour accompagner l’accouchement.
Mais la Mission interministérielle veut prévenir l’assimilation de toutes les pratiques de formation aux techniques employées par les sectes. Son président, Jean-Michel Roulet, rappelle qu’on ne parle de “dérive sectaire” que si l’on constate une “emprise” avérée sur la personne, une “mise en état de sujétion”, pouvant s’accompagner d’une rupture des liens familiaux ou, par exemple, d’une disparition du patrimoine.
Le monde 23/10/2007