La kinésiologie se trouve accusée de dérives sectaires, ce que rejettent les promoteurs de cette technique importée des Etats-Unis dans la mouvance du New Age voilà une vingtaine d’années et qui promet le mieux-être en se fondant sur l’étude du mouvement.

 Ces accusations seront évoquées pour la première fois devant la justice, avec un procès qui s’ouvre lundi devant la cour d’assises du Finistère après la mort en 2000 d’un bébé malnutri dont les parents tenaient une école de kinésiologie.

 Auteurs d’un guide du kinésiologue "face aux administrations", ils présentaient notamment au programme les "lois biologiques" du guérisseur allemand Ryke Geerd Hamer, arrêté en septembre dernier après une condamnation à trois ans de prison en France pour "escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine".

 Les parents étaient "sous l’emprise d’une vision du monde de type sectaire qui a contribué à les couper de la réalité", estime Jean-Pierre Jougla de l’Unadfi (Union nationale des associations de défense de la famille et de l’individu), partie civile comme l’association La Voix de l’Enfant.

 "Ils sont toujours persuadés que le milieu médical est dangereux, que l’alimentation doit être purifiée en permanence et qu’ils ont tout pour se soigner eux-mêmes", poursuit-il. "C’est emblématique d’une partie de la population, avec une approche de la santé par le sentiment, la sensation".

 Début avril, le député socialiste des Ardennes Philippe Vuilque, président du groupe parlementaire sur les sectes, a demandé au ministre de la Santé de "faire le point sur la kinésiologie, son développement, ses risques" en raison des "dérives sectaires de cette théorie dénoncées par de nombreuses familles".

 L’ancienne Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils) citait la kinésiologie dans son rapport 2001. La Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui l’a remplacée fin 2002 ne l’a pas évoquée dans ses rapports.

 La Fédération française des kinésiologies spécialisées (FFKS), l’une des principales organisations de kinésiologues, souligne ce silence et assure que "la kinésiologie n’est pas une secte".

 Selon la FFKS, la kinésiologie n’est pas une médecine douce, ne recommande aucun régime alimentaire particulier et recouvre simplement "une méthode éducative" utilisée notamment pour le sport et la danse.

 Fondée dans les années 1960 par George Goodheart, chiropracteur inspiré par la médecine chinoise, la kinésiologie utilise un "test musculaire" pour "interroger le ressenti du corps" afin d’aider chacun à "atteindre ses buts".

 Sportifs en mal de records, élèves à problèmes, adultes en crise se voient proposer des stages de "Touch for Health" (Santé par le toucher), "Brain Gym" (Edu-kinésiologie) ou "One Brain" (Trois en un).

 Mais ces multiples stages coûtent cher et "prétendre apporter des réponses à tous les problèmes est un indice de sectarisme", observe un expert en phénomènes sectaires.

 "La kinésiologie n’est pas une secte classique, c’est une mouvance sectaire avec plusieurs leaders", poursuit-il, dénonçant le "pompage" de l’argent public: "Beaucoup de kinésiologues cherchent à se faire enregistrer comme organismes de formation, notamment auprès des acheteurs de formation hospitaliers. Mais ils y parviennent moins que dans les années 1980-90 grâce à une meilleure vigilance".afp 26/05/2005