Stage d’optimisation des performances, séance de développement du mieux-être ou de croissance personnelle, les patrons raffolent des séminaires qui augmentent le rendement de leurs cadres. Mais gare à l’entrisme sectaire !

Le phénomène n’est pas nouveau : l’infiltration du monde de l’entreprise par des gourous préoccupe depuis vingt ans les associations de lutte contre les sectes – la plus connue, l’Unadfi, tirait déjà la sonnette d’alarme au début des années 90. Plus préoccupant, l’accroissement du nombre d’organismes de formation continue qui proposent leurs services et finissent par embobiner des salariés. Profitant d’un rapport de sujétion, le formateur peut transformer un cadre mou du genou en adepte épanoui qui fera du prosélytisme dans sa boîte. La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) publie un guide à destination des acteurs de la vie économique (1).

Esotérisme, new age, tout est bon
La montée du chômage, la concurrence effrénée au bureau, la rentabilité exigée, la perte de confiance en soi et l’émergence de services novateurs ont boosté la formation professionnelle, un juteux marché. Les organismes, qui bénéficient du laxisme de l’administration, incapable de contrôler le sérieux de leurs activités, se partagent une manne de 22 milliards d’euros chaque année. Coup double pour les sectes qui apprécient l’argent vite gagné et les nouveaux membres.

D’où l’apparition d’intervenants du troisième type qui, sous prétexte d’améliorer vos performances au boulot, proposent des ersatz de séances psychanalytiques ou ésotériques, des méthodes new age et des questionnaires psychologiques destinés à révéler vos faiblesses. Les structures piégées – multinationales, PME, chambres de commerce… – pour avoir souhaité améliorer la « self-réalisation » de leur personnel sont de plus en plus nombreuses.

Se poser les bonnes questions
Saisie de plaintes et de signalements, la Miviludes a déjà recensé des charlatans mais, en vertu du respect des libertés fondamentales, elle n’a pas le droit d’en publier la liste. Elle peut cependant renseigner le DRH qui s’interroge sur une offre de service (2). Le guide invite à se poser les questions idoines : quels sont les thèmes de prédilection du groupe ? Se considère-t-il comme une élite ? Utilise-t-il son propre jargon ? Le temps de sommeil et le mode alimentaire sont-ils modifiés ? Les douze thèmes détaillés dans l’ouvrage doivent permettre aux stagiaires de savoir s’ils risquent l’endoctrinement et, le cas échéant, d’alerter leur hiérarchie.

(1) L’Entreprise face au risque sectaire, éd. Documentation française, 18 euros.
(2) www.milivudes.gouv.fr

Isabelle Horlans Francesoir