S’il est un mot qui a totalement été détourné de son sens premier, c’est le mot " secte ". Indiquant à l’origine des groupes minoritaires porteurs de croyances marginales, il désigne aujourd’hui des groupes honnis sources de tous les dangers. Des activistes de la pensée l’ont répété sans fin en une longue diarrhée verbale, ils en ont fait une arme de désinformation massive qui restera dans les annales de la guerre psychologique.

Cependant, un autre mot de la même famille n’a pas encore été contaminé par ce dérapage linguistique. C’est le mot " sectaire ". A ce jour il a gardé son sens originel, indiquant une personne intolérante et à l’esprit étroit. Issus de la même famille, les termes " secte " et " sectaire " devraient avoir des significations proches, ainsi une secte devrait être un regroupement de personnes sectaires. Il n’en est rien. D’où l’intérêt de nous poser la question: " mais qui sont les sectaires…? "

Ainsi sous le titre " l’Afghan chrétien ", les média occidentaux ont raconté l’histoire de cet homme né en Afghanistan et d’origine musulmane, et qui s’était converti au christianisme il y a des années. Pour ce supposé crime, la charia réclamerait la peine capitale. Comportement sectaire sans aucun doute, en violation avec les droits de l’Homme. Les pays occidentaux ont réagi. A juste titre.

En Algérie le gouvernement préparerait une loi interdisant le prosélytisme par des non musulmans. Voilà donc les missionnaires chrétiens avertis. Aucune secte pourtant n’est impliquée dans aucun de ces deux exemples, mais le comportement est assurément sectaire. Attitude sectaire d’autant plus facile à dénoncer qu’elle se produit au sein d’une culture qui nous est totalement étrangère.

Parce qu’en France également…. Ainsi à Villepreux, dans la région parisienne, les mormons ont-ils le projet d’acheter une immense propriété en vue d’y bâtir leur premier temple. Emoi parmi les activistes anti-sectes qui se mobilisent et multiplient les démarches à l’encontre du permis de construire demandé par les mormons. Attitude sectaire encore, qui plus est de la part de groupements affirmant lutter contre les sectes. Tellement sectaire qu’elle provoque une mise au point de JM. Roulet, président de la Miviludes: non, les mormons ne sont pas une secte. Merci à lui. Les événements difficiles auxquels notre pays a dû faire face, nous invitent à écouter ce que disent de nous nos voisins et amis. Selon eux la France serait un pays intellectuel et idéologique, et qui manquerait totalement de pragmatisme. Voilà donc leur verdict. Avec comme conséquence que la France ne se réformerait pas assez vite. Notre taux de chômage, l’un des plus élevés, serait le résultat tangible de ces carences.

Il faut bien constater en effet que notre pays manque dramatiquement d’une culture de la concertation. Pour évoluer, il a besoin d’accès de fièvre périodiques, de mini guerres civiles. Symptômes en tout cas d’un climat sectaire. A voir nos hommes politiques s’invectiver copieusement dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale, nous restons attristés devant tant d’intolérance et d’étroitesse d’esprit. Championne des diatribes permanentes entre majorité et opposition, la vie politique apparaît fondalement sectaire. Pas étonnant dès lors que l’un des rares points d’accord entre ces ennemis irréductibles, soit de pratiquer la chasse aux sorcières contre de supposées sectes.

La France, pays intellectuel et idéologique, voilà une description conforme en tous points à ce que nous, minorités de conviction, nous vivons au quotidien. Ainsi l’acte d’accusation des groupes anti-sectes à notre encontre est une pure construction intello-idéologique, qui ne repose sur rien de concret et est d’ailleurs démenti par tous les sociologues sérieux. Manque de pragmatisme, également. Alors que d’autres pays ont su mettre en place des institutions neutres pour tenir compte de l’émergence des nouvelles spiritualités, le Rapport Parlementaire de 1996, la Commission d’Etudes sur les Sectes, la Mils puis la Miviludes sont des insultes à la nécessaire impartialité démocratique. Le Conseil d’Etat s’est opposé à des études statistiques concernant des groupes ethniques pour ne pas créer de discriminations. Mais pourquoi accepte-t-il que des groupes de pensée soient stigmatisés par des organismes très officiels ?

Bien sûr, et c’est important de le noter, la situation en France n’est en rien comparable avec celle dans d’autre pays du monde. N’empêche. Les attitudes et actes sectaires sont légions dans notre pays. Et si nous, minorités de conviction, nous sommes accusés d’être des sectes, au sens le plus péjoratif qui soit, l’explication en est fort simple. Simple effet miroir en effet. Le réflexe sectaire qui consiste à rejeter sans jugement tout ce qui paraît étrange parce que nouveau, ce réflexe sectaire amène à projeter sur les autres ses propres défauts. Voilà pourquoi les intolérants et sectaires voient des sectes partout.

Mais la conséquence dramatique est que certaines personnes engagées dans des démarches non conformes deviennent des étrangers au sein de leur propre communauté, de leur propre famille. Parce qu’ils prient, mangent ou vivent différemment.

Etrangers parce qu’étranges aux yeux de quelques personnes.

Intolérantes et sectaires, ces personnes existent assurément. Mais qui sont-ils…?
 <<CAP pour la Liberté de Conscience – coordiap.com – Liberté de religion – Liberté de conviction – CAPLC.htm>>