Dans quel contexte historique l’OEuvre est-elle née ?
Celui de la guerre d’Espagne, dont on imagine mal la cruauté : 6 000 prêtres et religieux furent assassinés en trois ans de guerre civile ! L’Opus Dei profita ensuite de la protection accordée par Franco à l’Église.
Pourquoi la compare-t-on parfois à une secte ?
Parce qu’elle en a certaines caractéristiques, dont l’obligation du secret ou la rupture des liens familiaux. Mais cela ne suffit pas à en faire une organisation “sectaire”. Ses res ponsables assurent que nul n’est obligé de rester dans le mouvement s’il veut en partir. C’est un critère es sentiel. L’OEuvre s’appuie sur les laïcs, dont elle exige piété, discipline et obéissance. Elle a son propre encadrement clérical, ce qui la met souvent en porte-à-faux avec les évêques lo caux. Jean-Paul II a réglé l’affaire en en faisant une “prélature personnelle” dépendant du pape pour la garder sous contrôle.
Pourquoi demande-t-elle à ses fidèles un secret total ?
L’obsession du secret, la discipline quasi militaire, la manie de se cacher derrière des faux noms est un héritage de la guerre d’Espagne. L’OEuvre a fait des progrès mais sa culture du complot a contribué à la “légende noire” qui l’entoure, comme l’affairisme mafieux, un rigorisme mortificatoire, un conservatisme exacerbé…
L’“affairisme mafieux” ?
Les rumeurs sur les “affaires”, fondées ou infondées, viennent de l’époque où, à la fin du régime de Franco, le gouvernement espagnol comprenait de nombreux membres de l’Opus Dei, souvent de brillants technocrates chargés de l’économie, des finances, du commerce extérieur.
Quelle est l’influence de l’OEuvre sur l’Église actuelle ?
Son activité est d’abord la formation. Elle dirige quel ques universités performantes et s’intéresse de près à la communication. Elle s’est ainsi posée en rivale de la Compagnie de Jésus, qui dominait ces deux secteurs. Elle a aussi ses évêques, quelques archevêques et deux cardinaux.
Est-elle une arme de reconquête ?
L’Église ne peut pas ignorer l’appui que lui apportent certains mouvements, de Sant’Egidio (à gauche) aux Légionnaires du Christ (à droite). L’Opus Dei fournit de nom breux jeunes prêtres, bien formés.
Pourquoi certains catholiques hésitent devant l’OEuvre ?
Outre la vieille hostilité qui l’oppose aux jésuites ou aux dominicains, beaucoup de catholiques n’aiment pas ce qu’ils croient être un embrigadement niant la liberté individuelle de chacun. La canonisation de son fondateur, Josémaria Escrivá de Balaguer, en octobre 2002, en a pourtant fait un mouvement d’Église comme les autres. Enfin… presque !
Source : Emmanuel Razavi
VALEURS ACTUELLES – 11/08/2011