26 Mai 2007 – Joey Olivier – Alors qu’ils étaient au début de la vingtaine, Gilles Lamy et Fred Morkos ont été attirés par la religion des Témoins de Jéhovah qui offrait, selon eux, des réponses solides à leurs questions. Gilles Lamy a grandi dans une famille catholique et se considérait comme athée. Les Témoins de Jéhovah ont été une révélation pour lui : "Au moment où les Témoins ont cogné à ma porte, j’étais sceptique, mais j’ai finalement trouvé des réponses. Avant de croire qu’il y aura un monde meilleur et que Dieu existe, il y a une démarche basée sur des textes sérieux et des écrits bibliques".
Cette religion a redonné à Fred Morkos l’espoir d’un monde meilleur. "J’ai appris qu’on pourrait vivre sur la terre dans un paradis et ceci m’a redonné espoir", a-t-il indiqué.
Dans bien des cas, cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de leur entourage. Bien souvent, lorsqu’une personne annonce son adhésion à la religion, certains proches diront qu’il s’agit d’une béquille pour supporter un déficit émotionnel ou une faiblesse. Gilles Lamy n’y croit pas. "Ma mère disait ça ; d’autres croient que nous subissons un lavage de cerveau alors qu’en fait les gens sont libres" a-t-il expliqué.
Respecter des lignes directrices
N’est pas Témoin qui veut. Pour se rendre à son baptême, Fred et Gilles ont dû participer à plusieurs études bibliques, adhérer aux Saintes Écritures et être prêts à "défendre Jéhovah". Bien qu’ils soutiennent qu’il n’existe pas de règles formelles, certaines lignes de conduite sont de mise. "La Bible veut que nous soyons modestes, que nous ayons un bon jugement et que nous fassions attention à notre corps", affirme M. Lamy. C’est pour ces raisons que les adeptes portent une tenue vestimentaire discrète, bien souvent un complet pour les hommes et une robe pour les femmes, qu’ils ne fument pas et qu’ils ne s’enivrent pas. Par la suite, s’il désire "être un bon chrétien", le Témoin assistera à cinq réunions par semaine, en plus de lire quotidiennement la Bible ainsi que les nombreuses brochures fournies par la société Watchtower, l’organisation centrale des Témoins de Jéhovah basée aux États-Unis.
Secte ou religion?
Les Témoins de Jéhovah revendiquent plus de six millions d’adeptes à travers le monde. À sorel-Tracy, ils forment une corporation sans but lucratif. Depuis 2002, la France considère ce rassemblement comme sectaire, alors qu’au Canada et au Québec, ils sont considérés légalement comme une association charitable. Pour Fred Morkos et Gilles Lamy, leur religion n’est pas une secte. "Dans une secte, il y a des chefs alors que les Témoins se considèrent tous égaux. Notre organisation ne repose pas sur les idées d’une seule personne, mais sur les Écritures. D’autres parts, les sectes sont souvent vues comme des groupes qui s’isolent du reste du monde. En ce sens, les Témoins ne s’isolent pas. Ce sont des gens normaux qui travaillent et vivent leur vie comme tout le monde", a commenté M. Lamy.
Les exclus
S’il ne respecte pas les "lignes directrices" de la Bibl, et qu’il ne manifeste pas le désir de changer après avoir commis un pêché, un Témoin sera exclu, c’est-à-dire excommunié. L’adultère, l’homosexualité, la violence ainsi qu’une série de pêchés énumérés dans la Bible sont des critères d’exclusion. "Un frère qui commet un acte répréhensible, explique M. Lamy, devra rendre des comptes aux anciens (des Témoins de Jéhovah d’expérience). Ensuite, c’est du cas par cas et, selon son attitude, on verra s’il est exclu ou non".
Un bon sens de l’humour
Les deux hommes ont spécifié que la majorité des gens qu’ils rencontrent durant le porte-à-porte ne sont ni agressifs ni méchants. Ils sont cependant conscients que la perception populaire de leur religion n’est pas toujours à leur avantage et sont même flattés par les boutades des humoristes à endroit. "Nous rions autant des blagues à notre sujet. D’une certaine façon, c’est un honneur", conclut Gilles Lamy.
Les enfants de porte en porte
Outre les transfusions sanguines, le fait que les Témoins de Jéhovah se présentent parfois en compagnie de leur enfant en bas âge suscite bien souvent l’indignation. Certains croient qu’il s’agit d’une stratégie pour attendrir tandis que d’autres considèrent cette démarche comme étant imposée à l’enfant. Pour Gilles Lamy et Fred Morkos, cette pratique vise à transmettre les valeurs religieuses à leurs enfants, sans plus. "Nous amenons nos enfants pour qu’ils puissent voir, écouter et apprendre. Un catholique amènera son enfant à l’église en croyant que c’est bénéfique pour lui tandis que nous nous considérons le fait qu’ils participent au porte-à-porte comme étant bénéfique pour eux", conclut M. Lamy.