Dans les sectes, plus d’un membre sur quatre a été recruté avant l’âge adulte. C’est l’un des résultats d’une enquête menée en Belgique auprès d’adeptes de plusieurs « mouvements religieux contestés ». Les chercheurs ont aussi dressé le profil type de ces personnes.

Pour la première fois, en Belgique, des chercheurs universitaires ont pu interroger les adeptes d’une série de sectes. Plus exactement des membres de « mouvements religieux contestés », puisqu’il n’existe pas de définition officielle, légale, des groupes sectaires. L’enquête menée par l’Université catholique de Louvain (UCL) montre que les sectes ne concernent pas que les adultes… Parmi les quelques centaines d’adeptes interrogés, 11 % ont rejoint leur mouvement à l’adolescence et 15 % pendant l’enfance. Bref, plus d’un membre sur quatre a été recruté avant l’âge adulte. Faut-il s’en inquiéter ? Les chercheurs sont nuancés : ils avancent que les sectes n’utilisent pas vraiment de méthodes spécifiques de persuasion pour « recruter »… Et ceux qui se laissent tenter ne voient pas forcément leur personnalité passer du noir au blanc après leur adhésion. Les chercheurs montrent en fait que les adeptes d’une secte présentent généralement un profil type. Leur personnalité est très proche de celle des fidèle des religions établies. Souvent, ce sont des personnes qui ont eu des relations difficiles avec leurs parents, pendant leur jeunesse ; beaucoup ont souffert d’une dépression ou ont éprouvé une difficulté particulière avant de s’engager dans le mouvement. Les experts de l’UCL expliquent même que l’engagement dans la secte peut avoir, pour eux, un effet positif sur le bien-être.

Pas de danger, donc ? L’étude incite, au contraire, à la prudence : les adeptes des « mouvements religieux contestés » renoncent automatiquement à une part de liberté. Jusqu’à se mettre en danger, socialement. Les experts ont même établi une liste de 27 critères qui permettent de mesurer la dangerosité des sectes. Le premier est l’embrigadement des enfants. Le rapport de l’UCL ne se contente pas de décrire le paysage sectaire. Il incite aussi l’Etat à mieux encadrer les sectes. Par exemple, en adaptant la loi qui punit le harcèlement moral. Ou en imposant aux mouvements religieux l’adoption d’un code de bonne conduite.

Ricardo Gutierrez