CE DONT ON VA PARLER :

Quel rôle peuvent jouer les grands-parents face à une dérive sectaire ? Quelle place pour les frères et sœurs dans une stratégie de sortie ? Comment organiser une réponse familiale coordonnée ?

SOURCES :

– Code civil, art. 371-4

– Code de procédure civile
– Jurisprudence sur l’audition du mineur et les droits des ascendants

SYNTHESE :

Ce qui fait rupture et permet à l’adepte de sortir de l’emprise n’est pas un acte unique mais une série de disruption d’un système de pensée bien huilée. La présence de personnes extérieures, la possibilité d’entendre d’autres sons de cloches et surtout la possibilité de voir les abus sur autrui sont des facteurs clefs de la sortie d’adepte. Les grands parents avec leur droit de visite peuvent jouer un rôle d’équilibre (I) qui dans tous les cas doit s’inscrire dans la mise en place dans la mesure du possible d’une union familiale (II).

I. LES GRANDS PARENTS : DES POSSIBILITES DE VISITE

Le rôle des grands-parents dans le contexte des dérives sectaires ne se limite pas à un simple lien affectif ; il peut, dans certains cas, constituer une ouverture essentielle vers l’extérieur. Cela passe d’abord par un encadrement juridique précis.

a. Le droit de visite prévu par le Code civil

L’article 371-4 du Code civil dispose que « l’enfant a le droit d’entretenir des relations avec ses ascendants ». Ce droit, bien qu’encadré par l’intérêt supérieur de l’enfant, permet aux grands-parents de demander un droit de visite, voire d’hébergement. Le juge évaluera la situation au cas par cas, en tenant compte notamment de l’équilibre psychologique du mineur, de ses souhaits et de l’éventuel conflit parental sous-jacent.

b. Un rôle psychologique de médiation

La relation grands-parents / petits-enfants présente une distance affective propice à la médiation. Le droit de visite accordé aux ascendants peut donc permettre à l’enfant de maintenir un lien avec le monde extérieur à la communauté. Cette pluralité de points de vue est déterminante pour construire chez l’enfant une capacité de discernement. Elle peut également jouer en faveur du parent adepte, en le maintenant en contact avec des proches non soumis à la même emprise.

II. QUID DES FRERES ET SŒUR DE L’ADEPTE

Si les grands-parents ont un rôle reconnu, les frères et sœurs, quant à eux, se trouvent souvent en première ligne affective et relationnelle. Leur action peut alors s’envisager à plusieurs niveaux, à commencer par les leviers juridiques à leur disposition.

a. La famille proche comme levier d’action

Les frères et sœurs d’un adepte peuvent juridiquement porter plainte ou engager des actions judiciaires lorsque l’atteinte est caractérisée (ex. : abus de faiblesse, sujétion psychologique de mineurs, etc.). Mais leur rôle va bien au-delà du contentieux : leur implication, leur mobilisation affective et leur persévérance dans la relation sont souvent des catalyseurs de prise de conscience. Dans les dossiers, l’action d’un frère ou d’une sœur soutenant avec constance un proche peut faire basculer la trajectoire.

b. L’Union familiale et les alliances

La mise en place d’une réponse collective et unie de la famille est un facteur déterminant dans la résistance au groupe sectaire. Un audit relationnel permet d’identifier les figures stables, affectivement fiables et influentes au sein du cercle familial. En s’unissant autour de la personne ciblée par l’emprise, la famille peut offrir un contrepoids affectif à l’envoûtement du groupe. Ce front uni est particulièrement précieux lorsqu’il s’agit de protéger des mineurs ou de répondre à une instrumentalisation de la justice familiale par le groupement.

Conclusion

La famille est un levier décisif dans le cadre des dérives sectaires. Elle peut être l’élément déclencheur d’une sortie d’emprise, à condition de rester unie, structurée, et de jouer sur tous les registres disponibles : émotionnel, judiciaire, éducatif. Une mobilisation calme, lucide et coordonnée constitue souvent la meilleure stratégie.

Infos pratiques :

– En cas de rupture du lien entre grands-parents et enfants, saisir le juge aux affaires familiales (JAF) au titre de l’article 371-4 du Code civil.

– Les frères et sœurs peuvent se constituer partie civile si une infraction est commise.

– Penser à une médiation familiale pour coordonner la stratégie de sortie d’un proche.