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inistre du culte, chez les Témoins de Jéhovah depuis des années, Raphaël Rubio ne comprend pas pourquoi l’administration pénitentiaire refuse de réexaminer la demande qu’il a déposée pour devenir aumônier des prisons. Pour faire valoir son droit, ce sexagénaire domicilié dans le Muretain s’appuie sur un jugement du 5 novembre 2007 dans lequel le tribunal administratif de Toulouse annule un premier refus de l’administration, et « enjoint le directeur régional des services pénitentiaires à procéder à un nouvel examen de la demande d’agrément. » Mais ce jugement est resté lettre morte et le ministre du culte est donc revenu jeudi matin devant les juges administratifs de Toulouse pour tenter une nouvelle fois de devenir aumônier.

Pour le moment, Raphaël Rubio est autorisé à rencontrer la vingtaine de détenus Témoins de Jéhovah incarcérés au centre de détention de Muret, mais en tant que simple visiteur de prison. Une situation qui pourrait évoluer. Car pour son avocat Me Philippe Goni dont le cabinet parisien est saisi d’une trentaine de dossiers de ce type, « toutes les grandes religions ont des aumôniers en milieu carcéral, les Témoins de Jehovah devraient obtenir ce droit prochainement ». Pour le moment, ils multiplient les procédures auprès des instances administratives pour tenter de faire évoluer la législation. Fin 2011, la cour administrative d’appel de Nancy a ainsi rejeté un recours du ministre de la justice et confirmé que « l’administration pénitentiaire du Grand Est ne peut refuser le statut d’aumônier des prisons aux ministres du culte des Témoins de Jéhovah. Contactée par téléphone, la direction interrégionale des services pénitentiaires de Toulouse, précise « quelle ne s’exprimera jamais sur une mesure de justice. » Il faudra donc attendre que le jugement soit rendu, dans un mois, pour savoir si les Témoins de Jehovah, pourront accéder dans les établissements pénitentiaires de Seysses et du Sud-Ouest au statut de religions reconnues à parité avec l’islam, le judaïsme, le protestantisme, le catholicisme, les chrétiens orthodoxes et le bouddhisme. Mais pour l’instant en dépit des quelque 130 000 adeptes revendiqués par l’ACTJF (association cultuelle des Témoins de Jéhovah de France), leurs ministres du culte doivent se contenter d’intervenir discrètement dans les parloirs, au nom d’une pratique toujours classée parmi les sectes par la commission parlementaire sur les sectes en France.

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« L’État doit décider »
Benoît Toulemonde est aumônier régional catholique. À ce titre, il coordonne l’action des 54 aumôniers catholiques qui interviennent au sein des prisons de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon et travaille lui-même au sein de la prison de Montauban. Pour lui, l’attribution du statut d’aumônier aux ministres du culte des Témoins de Jéhovah « est purement juridique et du ressort de l’État. Car actuellement les Témoins de Jéhovah figurent toujours dans la liste des sectes. D’ailleurs, précise-t-il, il y a peut-être des Témoins de Jéhovah au centre de détention de Muret mais je n’ai pas connaissance qu’il y en ait à la maison d’arrêt ni du reste à la prison de Montauban. Dans ces établissements il y a des évangélistes, des orthodoxes, des protestants, des musulmans, mais personne ne se réclame des Témoins de Jehovah. »

source :
LA DEPECHE 24/03/2012 08:05 | B. Dv
http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/24/1314289-les-temoins-de-jehovah-veulent-devenir-aumoniers.html