LA JUSTICE n’a pas entendu ses arguments. Là où le sophrologue évoquait des gestes thérapeutiques, les magistrats ont estimé qu’il y avait eu agressions sexuelles et viols. Joël H., 57 ans, domicilié avenue René-Coty dans le XIV e arrondissement à Paris, a été placé en détention provisoire le 19 mars après avoir été mis en examen.

Interpellé deux jours plus tôt par les enquêteurs du 3 e district de police judiciaire dans son cabinet parisien, le praticien a été auditionné sur ses pratiques après la plainte d’une de ses patientes. Anne-Sophie*, une jeune femme âgée de 24 ans, avait confié son désarroi à la police après une séance chez Joël H. le 17 mars.

« Elle avait rencontré ce spécialiste en sophrologie, qui se prévalait aussi d’être magnétiseur et énergéticien, alors qu’elle se trouvait dans le parc Montsouris, confie une source proche de l’affaire. Il l’avait abordée le plus simplement du monde en lui expliquant qu’il pouvait soulager ses douleurs, notamment de dos. »

L’étudiante ne se méfie pas et se rend une première fois dans le cabinet de Joël H. Le sophrologue la met aussitôt en confiance avant de pratiquer un massage. La jeune femme se voit ensuite proposer un deuxième rendez-vous. C’est à ce moment-là que la situation a dégénéré.

Plusieurs patientes disent avoir été victimes de viols

« Elle assure avoir été violée par cet homme, poursuit la même source. Elle a aussitôt quitté les lieux avant d’aller déposer plainte. » Au cours de la perquisition de son cabinet, les policiers du 3 e DPJ ont saisi un agenda contenant les noms de cinq autres patientes. Entendues, plusieurs d’entre elles ont relaté avoir également été victimes d’agressions sexuelles ou de viols de la part de Joël H.

Auditionné, le suspect a soutenu que ces gestes correspondaient à ceux pratiqués par un sophrologue-magnétiseur. Dans un livre paru en 2011, Joël H. estime que « retrouver le sens du sacré, c’est d’abord retrouver le sens originel de la vie, d’une vie intégrée dans des cycles de vie cosmique qui nous englobent et nous dépassent ».

« Je l’ai rencontré plusieurs fois par le biais d’une amie, relate une de ses relations. A ma connaissance, il était plus dans la philosophie existentielle que dans la pratique en elle-même. »

Sollicitée hier, Marianne Nys, la présidente du Syndicat des sophrologues professionnels, assure que, « si certains exercices requièrent la pose des mains sur le corps du patient, il ne peut y avoir de contact avec les parties intimes, soutient-elle. Il n’y a aucun geste ambigu dans notre profession. »

* Le prénom a été changé.

source : LE PARISIEN.fr par Stéphane Sellami | Publié le 27 mars 2014, 07h00