Marina, Loan, Fiona… leur calvaire a secoué les consciences. Pourtant, il y aura malheureusement dans les prochains mois d’autres Marina, Loan, Fiona. Comment éviter l’inéluctable ? Comment faire en sorte que des adultes n’aient pas à porter toute leur vie la croix d’une enfance meurtrie, saccagée par les violences de leur proche ? «La maltraitance des enfants est l’affaire de tous», insiste Isabelle Guillemet, présidente de l’association Enfance et Partage qui publie opportunément ce jeudi un petit fascicule de 42 pages intitulé «Agir contre la maltraitance»*.
Véritable guide juridique à l’usage des professionnels de l’enfance, ce petit ouvrage salutaire, est néanmoins à mettre en toutes les mains. C’est que la maltraitance des enfants demeure un sujet tabou. Si chacun sait désormais qu’en France, une femme meurt tous les 2,5 jours, battue par son compagnon, pour les enfants, rien de tel …Combien sont-ils exactement à succomber sous les coups, sachant que 90% des cas de maltraitance sont du ressort du huis clos familial ? Deux par jour comme s’en alarmait, en juin 2013, Anne Tursz, directrice de recherche à l’Inserm ? Nul ne le sait. «Cette absence d’évaluation officielle est bien la preuve que la prise de conscience n’est toujours pas là», déplore Isabelle Guillemet. Si les professionnels de l’enfance se sentent eux-mêmes parfois impuissants, un simple citoyen a-t-il une petite chance d’enrayer la machine infernale ? «Cela n’est jamais facile pour personne d’effectuer un signalement d’autant qu’en France, contrairement à d’autres pays, cette démarche n’est pas obligatoire, souligne-t-elle. On s’interdit d’être intrusif, on se dit que cela va bouleverser la famille, on est partagé entre le souci de respecter les autres et celui de réagir, mais il y a un enfant au milieu qui peut en souffrir».
C’est un doute qui s’installe : le garçonnet d’en face va mal. En apparence, rien à signaler. Mais le soir, il y a ses cris, ses sanglots, les pleurs de la mère, les gestes brutaux de celle-ci quand elle l’accompagne à l’école… la scène se répète. Que faire ? «Les relais existent» insiste Isabelle Guillemet. En cas d’urgence, il y a d’abord le 17 qui permet de demander une intervention des forces de police ou de gendarmerie. Si l’on soupçonne un enfant en danger (violences psychologiques, physiques, sexuelles…), on peut composer le 119, en clair, le service national téléphonique de l’Enfance en danger où 50 écoutants, professionnels évaluent les appels, 24H/24, 7 jours/7 dans un strict anonymat (le 119 n’apparait sur aucun relevé téléphonique détaillé). On peut aussi contacter le 08 800 05 12 34 d’Enfance et Partage. Créé en 1988, ce numéro vert, précurseur du 119, offre écoute, soutien, conseils anonymes et gratuits pour tous ceux confrontés à des maltraitances sur mineurs. «Joindre ces numéros, cela peut sauver des vies» , insiste Isabelle Guillemet.

source : le parisien>.fr par Aline Gérard | 16 oct. 2014,