BORDEAUX, 22 oct 2010 (AFP) – Un colloque réunit samedi à Bordeaux
spécialistes et victimes de manipulations mentales et dérives sectaires un an après la libération retentissante des reclus de Monflanquin-Oxford, une famille d’aristocrates du sud-ouest, de l’emprise d’un gourou présumé.
“Les manipulations mentales représentent un phénomène, plus large que les sectes et qui n’est pas encore bien compris du grand public, ni même des professionnels du droit, magistrats, avocats ou services d’enquête”, explique l’avocat bordelais Daniel Picotin, président de l’association “info-sectes Aquitaine”.
Cette association organise ce colloque en partenariat avec le Centre contre les manipulations mentales.
“L’affaire des reclus de Monflanquin, qui est instruite à Bordeaux, est un dossier emblématique des manipulations mentales: onze personnes d’une même famille, cultivées, brillantes et qui ont vécu presque dix ans sous emprise”, indique cet avocat.
Aux côtés des spécialistes, juristes, associations, psychiatres, plusieurs
victimes et leurs proches vont également témoigner. Ainsi, Marie-Hélène Hessel va évoquer samedi après-midi la difficulté à aider sa meilleure amie, l’une des reclus de Monflanquin qui s’était claquemurée en 2001 dans une propriété familiale isolée du Lot-et-Garonne.
Me Picotin souligne “une loi trop faible” et milite pour créer “un délit
spécifique de manipulation mentale”.
De son côté, Georges Fenech, le président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), indique que “des outils juridiques existent déjà”.
“Par exemple, pour lutter contre les +gourous thérapeutiques+, ces
charlatans qui proposent des soins, on peut souvent utiliser les infractions
classiques d’exercice illégal de la pharmacie ou de la médecine, d’escroquerie ou encore la loi About-Picard”, qui vise à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires, explique l’ancien magistrat qui doit conclure le colloque bordelais.