En apportant son témoignage dans ses ouvrages, Amoreena Winkler a décidé d’être le porte-parole de tous les enfants nés dans une secte et qui, aujourd’hui – pour ceux qui en sont sortis – tentent de se reconstruire.

Amoreena est née en 1978 à l’intérieur de cette communauté qualifiée de pédophile, proxénète et apocalyptique. Dès sa plus tendre enfance, elle a subi des sévices sexuels imposés par son père, sous les yeux de sa mère. Son premier ouvrage “Purulence” paru en 2010, retraçait cette période terrifiante jusqu’à ses 11-12 ans.

« Le premier livre a reçu un très bon accueil, c’était d’utilité publique en France. C’était la première fois qu’il y avait un témoignage du point de vue de l’enfant. » La jeune femme multiplie alors les plateaux télé et est en contact avec la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) pour apporter son témoignage dans le rapport rendu au premier ministre en 2010. « C’est un travail de veille et d’alerte sur le discours et les approches que peuvent avoir les sectes aujourd’hui. »

« C’est un combat au quotidien »
Dans son nouveau récit “Fille de chair”, elle poursuit son témoignage, qui est aussi un peu sa thérapie, en narrant son adolescence jusqu’à ses 17 ans. Ils marqueront sa délivrance lorsqu’enfin elle arrive à se confier et est prise en charge par la DDASS. Un récit moins difficile pour le lecteur, avec une écriture moins cinglante. Mais la fêlure est toujours là.

Amoreena tisse aujourd’hui des liens sur Internet avec d’autres personnes de son âge nées dans une secte. Eux n’ont pas trouvé la force de témoigner. « Je suis leur porte-parole, j’endosse ce rôle. Ça donne une fonction, une utilité à mon expérience », souffle la jeune femme pour qui se reconstruire est un long processus. « C’est un combat au quotidien d’avancer. Je lutte tous les jours contre le sentiment d’être misérable. »

Par Ghislaine GERBELOT |