En une annnée, entre 2012 et 2013, ce sont environ 120.000 € qui ont été dilapidés. La victime : un octogénaire de Bléré. Les prévenus : son fils, âgé de 47 ans, son ex-compagne, ainsi qu’un ami.

A l’été 2013, le receveur de la Poste, où le vieil homme détient un compte en banque, s’inquiète de retraits importants : pas moins de 60.000 € en six mois. Il prévient alors sa direction.
Après enquête, les gendarmes découvrent que les retraits ont souvent été effectués en présence du fils et de l’un de ses amis. Tous deux sont interdits bancaires et sont au chômage. Des chèques aux montants importants sont également émis. Plusieurs voitures sont achetées : une pour la compagne de l’époque du fils de l’octogénaire, une pour le fils lui-même, d’autres pour des proches de l’ami. Ce dernier a aussi utilisé l’argent du vieil homme pour s’offrir 1.500 € de bonnes bouteilles de vin.

Dix euros la baguette

Entendu en septembre 2013, l’octogénaire affirme avoir donné de l’argent à son fils pour qu’il monte son entreprise. Mais lorsque les gendarmes lui demandent combien coûte une baguette de pain, il répond… 10 €. Quand ils l’interrogent sur la somme qu’il détient à la banque, il l’estime à 2.500 € (alors qu’il possédait 250.000 sur son compte). Aujourd’hui, le vieil homme est placé sous curatelle renforcée.
A la barre, les trois prévenus se renvoient la balle. Il n’est plus question d’amour ou d’amitié entre ses trois-là. Pour l’ex-ami du fils, il n’y a pas d’abus de faiblesse. « Il (le fils de l’octogénaire) m’a dépanné parce que j’avais des difficultés financières. C’est de l’argent qu’on m’a prêté et je voulais le rembourser », souligne-t-il. Le fils, quant à lui, dit avoir subi la pression de son ami qui tentait de le forcer à créer une auto-entreprise, dans laquelle il aurait travaillé. « Ce n’est pas le fils qui en a profité pour la plus grande part, ce sont les autres. Il s’est dépouillé de son héritage. Il est sous manipulation. Il a fait de mauvaises rencontres. Sa place est du côté des victimes », a plaidé son avocat.
L’ex-compagne, elle, a bénéficié de quelque 40.000 €. « Je n’avais pas de travail. C’était mon confident, je lui ai demandé (de l’argent) car je ne voyais pas le bout du tunnel », a-t-elle expliqué.
« C’est un abus de faiblesse en bande organisée », a asséné l’avocate de la partie civile, demandant le remboursement des sommes dilapidées. Le vieil homme « a été littéralement dépouillé en douze mois de 120.000 €. Cela fait en moyenne 10.000 € par mois alors qu’il était près de ses sous. Il a littéralement servi de pompe à fric », a martelé le procureur de la République. Il a requis un an de prison, dont six mois avec sursis, à l’encontre du fils et de son ami. Concernant l’ex-compagne, il a proposé que celle-ci effectue un travail d’intérêt général. Le jugement a été mis en délibéré au 26 juin.

Florence Vergne

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