Pas d’emprise sur les adeptes, et un lama fondateur au comportement irréprochable : après des mois de silence, le centre bouddhiste tibétain de Roqueredonde, dans l’Hérault, a balayé les accusations d’abus et de violences portées contre son ex-directeur spirituel, et, au-delà, sur le fonctionnement de la congrégation. Ce mardi 1er mai, une moniale, Ane Lhamo, le directeur de Lérab Ling, Sam Truscott, Dominique Hilly, un des fondateurs du centre, Julien Tanniou, chargé de l’accueil des…

Pas d’emprise sur les adeptes, et un lama fondateur au comportement irréprochable : après des mois de silence, le centre bouddhiste tibétain de Roqueredonde, dans l’Hérault, a balayé les accusations d’abus et de violences portées contre son ex-directeur spirituel, et, au-delà, sur le fonctionnement de la congrégation.

Ce mardi 1er mai, une moniale, Ane Lhamo, le directeur de Lérab Ling, Sam Truscott, Dominique Hilly, un des fondateurs du centre, Julien Tanniou, chargé de l’accueil des visiteurs, Me Jean-Robert Phung, l’avocat qui défend leurs intérêts, ont organisé une conférence de presse à l’occasion de la journée portes ouvertes du temple.

 

“Au-delà de la loi”

Trois heures de conférence du lama Dzongsar Khyentsé sur le thème “Le bouddhisme tibétain est-il une secte ?” Le 28 février, alors que l’Hérault est paralysé par la neige, Lérab Ling accueille, comme Londres, Berlin et Paris, une session destinée à rassurer la communauté. “Le Vajrayana est fait sur mesure pour les Occidentaux, spécialement pour les Occidentaux modernes, parce qu’il est fondé sur la pensée critique (…) et n’est pas vraiment dogmatique”, dit le lama. Sur le “guru”, c’est-à-dire le “maître spirituel”, “un sujet très chaud” : “Après avoir reçu les initiations au plus haut niveau, vous avez encore la possibilité de critiquer, d’abandonner, de dénigrer le guru.” Puis : “Après avoir reçu les initiations les plus hautes (…), vous ne pouvez pas aller contre le guru.” Enfin : “Le Vajrayana est au-delà de la loi.”

  1. Des accusations rejetées en bloc

Contre Sogyal Lakar, “il y a des accusations de viol, d’agression sexuelle, d’emprise psychologique, de malversations financières… Je vois mal ces faits perdurer sans que le procureur de la République ne se saisisse de l’affaire, il ne l’a pas fait, et aucune autorité de police, ni de gendarmerie, n’a pris contact avec les dirigeants de Lérab Ling”, insiste Me Phung, qui rappelle que ses clients ont eux-mêmes alerté le procureur de la République de Montpellier lorsque d’anciens étudiants ont dénoncé des agissements du lama. “On ne se reconnaît pas du tout dans cette vision” du personnage, affirme Dominique Hilly, qui estime qu’il est victime de son “côté provocateur et non conventionnel”.

Dans un autre temps, “ces accusations ont pris une autre tournure quand les personnes qui fréquentent le temple ont été présentées comme coupées de leurs repères, de leur famille, des choses assez hallucinantes”, pour Dominique Hilly.

  1. Une enquête menée en interne

Les responsables de Lérab Ling affirment qu’ils ne sont pas restés inactifs face à ce qu’ils appellent des “allégations”, qui seraient “très graves si elles étaient vraies” : une “enquête indépendante” a été confiée au cabinet d’avocats anglais Lewis Silkin en décembre, les conclusions sont attendues “avant l’été”. Parallèlement, une “charte éthique” est en cours de rédaction.

Enfin, la mise en retrait de Sogyal Lakar, engagé l’été dernier, lorsque le scandale a éclaté, dans “une retraite spirituelle en Asie” et remplacé par “une nouvelle instance spirituelle de sept lamas occidentaux” est présentée comme une coïncidence.

  1. La nécessité de communiquer

“Dans la tradition bouddhiste, on ne répond pas quand on est attaqué”, explique Dominique Hilly. Il a fallu passer outre face à “des accusations non fondées” : “Il est devenu difficile de travailler avec nos partenaires habituels, l’office de tourisme de Montpellier, la communauté de communes. On touchait à la pérennité de ce lieu”, dénonce Sam Truscott.

“Il y a eu des sessions très fréquentées, d’autres qu’on a dû annuler par manque de monde”, assure Julien Tanniou, alors que chaque année, “20 000 visiteurs se déplacent à Lodève pour suivre des enseignements des lamas, s’initier à la méditation, la gestion des émotions l’accompagnement des personnes en difficulté…” Il reconnaît que “globalement, la fréquentation et les effectifs sont en baisse”.

 Des allégations ?

Violence, humiliations, abus financiers… d’ex-étudiants de Sogyal Lakar (Rinpoché) accusent le créateur du réseau Rigpa, et du centre Lérab Ling de Lodève. Les premières accusations ont été lancées aux États-Unis dans les années 90, une plainte a été déposée, sans suite.

L’été 2017, huit étudiants publient une lettre ouverte très détaillée, d’anciens adeptes témoignent. L’avocat montpelliérain Jean-Baptiste Cesbron a recueilli la parole d’une trentaine de personnes qui se disent victimes de Sogyal Lakar. Aucune plainte n’a été déposée. Des enquêtes préliminaires sont en cours, sur les agissements du lama, sur le volet financier.

source : http://www.midilibre.fr/2018/05/02/abus-et-violences-le-centre-bouddhiste-heraultais-lerab-ling-contre-attaque,1664605.php