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# publié le 27 mai 2010

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COUR D’ASSISES. Après un peu plus d’une heure de délibéré, les jurés ont décidé d’acquitter J.R.T. Accusé du viol de sa nièce dans les hauts de Saint-Paul en 2006, l’homme a toujours contesté les faits. Devant la faiblesse du dossier, le procureur général a refusé de requérir une sanction.

Arrivé libre, c’est libre que J.R.T a quitté la cour d’assises. Et pourtant, rien n’était gagné en début de journée. Dans le box des accusés, il reste ferme. Il n’a jamais violé sa nièce. Grand, athlétique, le crâne rasé et la mine peu avenante, il s’exprime d’une voix forte malgré un léger zozotement. Il maintient les dénégations qui ont toujours été sa ligne de défense, même s’il présente le profil du parfait coupable.

{{MISÈRE SEXUELLE ET PRISE MASSIVE DE CANNABIS}}

En juillet 2007, une jeune fille, par l’intermédiaire de sa mère, va déposer plainte contre son oncle paternel qu’elle accuse de faits de viols commis à son encontre alors qu’elle avait 12 ans et suivait sa scolarité en CM2, en 2006, dans les hauts de Saint-Paul. Lors de vacances chez sa sœur aînée, son oncle l’a attirée chez lui où il l’a violée. Placé en garde à vue en septembre 2007, l’oncle nie les faits, les mettant sur le compte de son ancienne appartenance aux témoins de Jéhovah et criant au complot. Il sera relâché quelques heures plus tard. Les investigations reprendront au mois de mai 2008 avec une confrontation chez les gendarmes où chacun restera sur ses positions. De nouveau placé en garde à vue, il continuait à nier. Une information était ouverte fin mai 2008. Durant toute l’instruction, il continue à nier les faits, maintenant la thèse du complot. Les expertises psychiatriques et psychologiques décrivent l’accusé comme un homme renfermé avec une personnalité ambivalente. « Il vit dans un milieu socio-éducatif peu stimulant », explique le médecin. « Il a peu de relations personnelles, avec des troubles de la personnalité de type schyzotypique associée à la prise massive de cannabis. Il vit dans une misère sexuelle avec pratique masturbatoire », poursuit le psychiatre. « Il met en avance une croyance religieuse à connotation bizarre mais sans hallucination. Il vit avec un sentiment de persécution, ce qui peut expliquer sa jalousie », termine le psychiatre en concluant que l’accusé ne souffrait de troubles ayant aboli ou altéré son discernement.

{{UN INTERROGATOIRE QUI FAIT BASCULER LE PROCÈS}}

« Il se défausse toujours sur les autres », lance ensuite la psychologue qui rebondit sur les croyances religieuses de J.R.T. « Il a un sentiment de persécution lié à des croyances de l’existence de pratiques de sorcellerie mais qui se font toujours contre lui. Il a une personnalité rigide, défensive qui ne lui permet pas de se remettre en cause », termine la praticienne. Son interrogatoire a constitué un véritable calvaire pour la jeune victime et a eu pour effet de faire basculer le procès. En effet, elle ne se rappelle de plus grand-chose. Aux nombreuses questions du président, sa seule réponse est : « Je ne sais pas ». À tel point que l’on commence sérieusement à douter de la véracité de ses déclarations. Au fil de son audition, elle s’enferre dans de nombreuses contradictions que ni ses parents ni sa sœur appeler eux aussi témoigner ne pourront éclaircir. La jeune fille, aujourd’hui âgée de 15 ans, est incapable de pouvoir situer dans le temps le moment des faits. Elle ne parvient pas non plus à décrire avec précision la pièce dans laquelle elle aurait subi le viol. Seule l’expertise psychologique tend dans son sens. « Elle souffre de divers troubles post-traumatiques pouvant provenir d’une agression sexuelle », explique la psychologue. « C’est une jeune fille prépubère qui n’a aucun intérêt pour les choses du sexe », précise-t-elle. Me Estelle Chassard, pour la partie civile, va tenter de renverser une situation fortement compromise. « On a l’impression que c’est elle la coupable », lance Me Chassard. « On ne la croit pas. Au moment des faits, c’était une petite fille. Aujourd’hui, elle n’a que 15 ans. À l’époque, elle ne sait pas ce que c’est que le sexe. C’est une petite fille sage. Elle a tout gardé pour elle car, comme de nombreuses victimes, elle est possédée par ce sentiment de culpabilité », tente d’expliquer l’avocate. « Il faut savoir entendre cette petite fille. Il faut être attentif à des silences qui, quelquefois, en disent plus long que la parole. Maintenant, elle cherche à se reconstruire, vous devez la croire », conclut Me Estelle Chassard. C’est Raymond Doumas, le procureur général, qui va “tuer” le dossier en faisant le travail de la défense. “Dans une affaire de ce type, c’est tout ou rien”, constate le procureur général. “Son histoire ne semble pas vraisemblable, les constatations médico-légales ne sont pas certaines, l’examen de crédibilité tient sur deux pages et la victime a de mauvaises notes depuis le CP. Dans un dossier aussi léger, je ne suis pas en mesure de requérir une sanction”, termine Raymond Doumas en laissant la parole à Me Henri Moselle qui va s’engouffrer sur le boulevard ouvert par le procureur général. “Ce dossier est très mal ficelé”, constate l’avocat. “Depuis le début, il nie et cette petite fille a déjà accusé son père avant de se rétracter. Comme le doute doit profiter à l’accusé vous devez l’acquitter”, conclut l’avocat. Les jurés ont suivi les appels du ministère public et de l’avocat de la défense en acquittant J.R.T.

Jérome Leglaye