L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui regroupe trente-sept hôpitaux, l’a révélé en 2012 : acupuncture, hypnose et ostéopathie, mais aussi sophrologie, shiatsu ou qi gong sont couramment pratiquées dans ces établissements. En région, pus de seize CHU disent utiliser ces médecines complémentaires.

Des soins dispensés dans les centres antidouleur, de soins palliatifs, en gynécologie obstétrique, pédiatrie, oncologie, addictologie…

Ainsi, l’hôpital se trouve confronté à des initiatives locales qui posent question, de la formation des professionnels à l’évaluation de ces pratiques. Des questions que l’Académie de médecine a soulevées avec inquiétude :

Pour le Pr Daniel Bontoux, rhumatologue, professeur émérite au CHU de Poitiers : Les thérapies complémentaires sont acceptable à l’hôpital dans la mesure où elles restent à leur place, en complétant sans s’y substituer un traitement conventionnel.”

L’Académie de médecine note cependant qu’un retour en arrière est inenvisageable : les thérapies non conventionnelles ont désormais une place reconnue dans les services hospitaliers qui les prennent en charge.

Proposées sous forme de consultations associées, ou intégrées dans les pratiques d’un service (comme la sophrologie dans la préparation à l’accouchement dispensée par les sages-femmes), elles sont généralement incluses dans le prix de journée à l’hôpital et donc prises en charge par l’Assurance-maladie.

En clinique privée, lorsque la consultation est effectuée par un médecin (homéopathie, ostéopathie ou acupuncture), elle est facturée à part comme les honoraires de l’anesthésiste ou du chirurgien et souvent couverte par les complémentaires santé.

L’acupuncture pour les femmes enceinte

De toutes les médecines complémentaires passées en revue par l’Académie de médecine dans son rapport de mars 2013, l’acupuncture recueille l’avis le plus favorable. Elle est aussi utilisée en cancérologie, contre les nausées de la chimiothérapie, ou encore dans les centres antidouleur.

Les douleurs de la grossesse (lombaires, sciatiques, syndrome douloureux abdominal-pelvien…), puis du post-partum peuvent bénéficier d’une prise en charge en acupuncture”, explique le Dr Dominique Urhweiller, médecin généraliste, qui exerce depuis dix ans au sein du service d’obstétrique de l’hôpital de Colmar (Haut-Rhin).

L’hypnose, contre la douleur

Aiguës ou chroniques, les douleurs sont une cible de choix pour l’hypnose. Les services de pédiatrie s’y ouvrent de plus en plus, car les enfants répondent très bien à la suggestion hypnotique, en particulier pour les piqûres et les ponctions lombaires.

Chez l’adulte comme chez l’enfant, cette pratique permet de mieux supporter certains soins (pansements de brûlures) ou examens (hystéroscopies).

On l’utilise aussi pour les migraines, pour les douleurs lombaires, cancéreuses… ou pour celle consécutive à une amputation, une douleur neurologique souvent rebelle aux médicaments.

En chirurgie, l’hypnose permet d’apaiser l’anxiété du patient avant l’opération.

Sans remplacer l’anesthésie pour les chirurgies lourdes, l’hypnosédation (endormissement par hypnose et anesthésie locale) soulage les patients qui ne peuvent pas subir d’anesthésie générale sans risque du fait de leurs pathologies.

Les formations et les diplômes universitaires d’hypnose se multiplient à l’intention des médecins anesthésistes réanimateurs. L’hypnosédation est reconnue par la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar).

L’homéopathie, en cancérologie

L’homéopathie n’est pas un traitement anticancer, ne permet pas de faire disparaître les tumeurs et ne doit pas conduire à un abandon du traitement prescrit par l’oncologue.

Elle a rejoint la palette de ce qu’on appelle les soins de support (diététique, soutien psychologique, relaxation, acupuncture, hypnose…). Le Dr Jean-Lionel Bagot, médecin homéopathe spécialisé dans les soins d’accompagnement en cancérologie, brosse dans son ouvrage Cancer et homéopathie les champs d’intervention de l’homéopathie en cancérologie :

soutenir le psychisme traumatisé par le diagnostic ;
prévenir l’hématome en cas de biopsie ;
favoriser la cicatrisation et mieux tolérer l’anesthésie générale lors des interventions chirurgicales.
Toutefois, c’est surtout pendant la chimiothérapie que l’homéopathie montre son efficacité (nausées, céphalées, fatigue), mais aussi contre les effets secondaires des médicaments sur les ongles et la peau, les douleurs musculaires, les fourmillements des extrémités…

L’ostéopathie, pour le dos

À l’hôpital, c’est d’abord pour les lombalgies que l’on utilise l’ostéopathie. La consultation d’un médecin ostéopathe est fréquemment proposée dans les services de rééducation et les écoles du dos.

Elle peut aussi se révéler souveraine pour certaines migraines d’origine cervicale.

Le Dr Jean-Yves Maigne, chef du service de médecine physique à l’Hôtel-Dieu (Paris) et responsable du diplôme universitaire de médecine manuelle ostéopathie à l’université Paris-Descartes, le constate :

 Il y a eu, ces vingt dernières années, une révolution de la médecine. Moins dogmatique, elle s’est ouverte aux médecines complémentaires qui peuvent s’appuyer sur des faits : des patients soulagés, des traitements médicamenteux moins lourds.”

Avec les thérapies alternatives, c’est un certain pragmatisme qui s’est imposé à l’hôpital. Quand ça marche, pourquoi en priver les patients ?

Autre article : Ostéopathie : une spécialité globale

source :http://www.dossierfamilial.com/acupuncture-homeopathie-osteopathie-et-hypnose-a-l-hopital-12836.html

Auteur : Christine Baudry
Date de première mise en ligne : 15/01/2014