LEON (Mexique), 25 mars 2012 (AFP) – Des victimes d’abus sexuels de la part du Mexicain Marcial Macial, fondateur décédé de la congrégation des Légionnaires du Christ, ont diffusé samedi un manifeste dans lequel ils accusent Benoît XVI d’avoir retardé l’enquête de l’Eglise sur cette affaire.
L’actuel pape était de 1981 à 2005 à la tête de la Congrégation pour la foi, au moment où les plaintes pour abus sexuels visant Maciel se sont multipliées.
« Par vos mains est passée l’occasion d’accepter cette vérité », affirme le texte présenté à la presse par José Barba, une des victimes, lors d’une transmission vidéo de Mexico vers Leon, la ville de séjour du pape, à 400 km au nord-ouest de la capitale mexicaine.
« Mais on ne nous a pas écoutés et on ne nous a pas crus au moment opportun. Pendant des années, nous avons été ignorés », poursuit le manifeste adressé au pape.
Dans une conférence de presse, le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a jugé « très injuste d’affirmer que ce pape a cherché à occulter » ce scandale et n’a rien fait.
« Un grand nombre de documents » montrent le contraire et son attitude vis à vis des abus sexuels « a été expliquée de manière fréquente et très claire », a-t-il assuré.
Benoît XVI comme avant lui Jean Paul II « n’ont pas porté ombrage à la vérité » et le pape polonais « n’avait pas conscience de la double vie de Maciel », a assuré le père Lombardi.
Jose Barba a estimé que le problème avait montré « la défaillance de la sagesse millénaire d’une Eglise qui n’a pas résolu à temps cette énigme ».
Benoît XVI a commencé vendredi une visite au Mexique et à Cuba.
Mais contrairement à ce qu’il avait fait lors de visites dans d’autres pays, comme les Etats-Unis et l’Irlande, aucune rencontre n’est prévue avec les victimes d’abus de prêtres pédophiles.
Marcial Maciel est décédé aux Etats-Unis en janvier 2008, à l’âge de 87 ans. Il était accusé d’avoir eu une fille issue d’un liaison cachée et d’avoir abusé de huit anciens séminaristes.
Le document présenté samedi rappelle que huit victimes de Maciel avaient dénoncé ces abus à partir de 1997. En 1998, ils avaient formalisé leurs plaintes devant la Congrégation pour la doctrine de la foi, dirigée alors par Joseph Ratzinger.
Selon les victimes, l’enquête n’a commencé qu’en 2004 et c’est en mai 2006, après son élection au Vatican, que Benoît XVI avait obligé Maciel à « renoncer à tout ministère public » et « à se retirer pour une vie de prière et de pénitence ». Maciel est mort deux ans après.
Les victimes ont également présenté un livre intitulé « La volonté de ne pas savoir », qui comprend plus de 200 documents provenant des archives du Vatican montrant, selon elles, que Ratzinger connaissait les dénonciations d’abus sexuels contre Maciel.
Ce livre démontre que « le Vatican a menti », a dit Bernardo Barranco, directeur du Centre d’études sur la religion du Mexique, qui a écrit la préface du livre.
Le père Lombardi a expliqué que le pape ne recevait pas à chaque voyage des victimes et que de telles rencontres ne pouvaient être improvisées.
Dans les cas où des rencontres ont eu lieu, « il y a eu une préparation », les victimes s’adressant aux évêques dans le cadre d’un chemin de guérison, a-t-il poursuivi.
La demande de rencontre des victimes mexicaines du père Maciel semblait être faite « dans une certaine agressivité et une certaine ambiguité », les demandeurs « ne semblant pas désireux d’écouter le pape dans un dialogue profond », a-t-il affirmé.
Source : AFP