La dernière fois que la presse s’était déchaîné sur un film en pointant du doigt son caractère scientologue, c’était “Terre champ de bataille” avec John Travolta, adaptation d’un roman d’anticipation signé Lafayette Ronald Hubbard, auteur de nombreux ouvrages de science-fiction, mais aussi fondateur en 1954, de l’Eglise de scientologie, considérée comme une secte dans plusieurs pays, dont est membre John Travolta. Ce film est aussi considéré comme l’un des plus mauvais de l’histoire du cinéma.

Lors de sa sortie aux Etats-Unis, plusieurs associations anti-sectes ont tenu à avertir le public que le film pourrait contenir des images subliminales… Désormais, c’est au tour de “After Earth”, de M. Night Shyamalan de susciter la polémique, taxé d’œuvre de propagande, et de devenir un film assez embarrassant pour son studio, Sony, son réalisateur M. Night Shyamalan en quête de rédemption artistique, et son comédien Will Smith qui jusqu’à présent n’a pas connu l’échec.

Les similitudes entre “Terre champ de Bataille” et “After Earth” se trouvent, ne serait-ce que dans le sujet. Le film cautionné par Travolta se déroule en l’an 3000, à une époque où la Terre n’est plus qu’un désert, et l’homme une espèce en voie de disparition. Mille ans auparavant, des êtres féroces ont envahi notre planète, anéanti ses défenses, rasé ses villes et aboli ses institutions. Une terre devenue barbare qui pourrait bien être sauvée par un jeune et héroïque chasseur, décidé à redonner espoir et dignité aux siens.

Hallucination collective

Dans “After Earth”, cautionné cette fois par Will Smith, c’est un délire du même ordre : un père et son fils se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Le père étant grièvement blessé, le fils s’engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l’aide. Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s’est échappée au moment du crash.

Les critiques américains avaient prévenu que le slogan “Fear is a choice”(la peur est un choix, mis en exergue sur l’affiche) indiquaient des traces de scientologie. Le Hollywood Reporter a même été jusqu’à faire décrypter le film par un ancien scientologue Marc Headley, assimilant “After Earth” à une œuvre de propagande. Selon lui, on y retrouverait des symboles, des termes spécifiques et un imaginaire visuel développés par Ron Hubbard dans son manuel sur l’Église scientologue, Dianétique, la Thèse Originelle. Et le volcan que l’on voit dans After Earth ressemblerait à à celui dessiné sur la couverture du livre : “Cette image de volcan a souvent été utilisée dans les spots publicitaires de la Scientologie”, assure-t-il.

Will Smith et son passif avec la scientologie

Malheureusement pour Will Smith, quelques antécédents ne plaident pas en faveur. Le comédien n’a jamais caché qu’il était adepte de la secte de Ron Hubbard, surtout lorsque lui et son épouse, Jada Pinkett-Smith, décident de subventionner une école primaire, le New Village Leadership Academy, dont les programmes vantent l’église de scientologie (!). Une secte qui en passant propose à ses adhérents de les “guérir” de leur homosexualité…

Il serait intéressant de connaître le point de vue de M. Night Shyamalan sur cette affaire, lui qui depuis ses premiers longs métrages (“Sixième Sens”, “Incassable”) développe des croyances (le rapport homme-nature, le héros en quête de son rôle mythologique, la capacité à surmonter les peurs) que l’on retrouve dans “After Earth”.

“After Earth” aurait pu faire illusion sans ces différents décryptages. Cela ne l’a pas empêché de faire un bide monumental pour son premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis, récoltant moins de 28M$ de recettes. Cela ne s’annonce pas mieux au box-office français…

“After Earth”, le 5 mai 2013 au cinéma

source : MyTF1News par Romain Le Vern
le 06 juin 2013 à 11h00 , mis à jour le 06 juin 2013 à 11h18.