{{Toujours incarcéré, Robert Lé-Dinh, 50 ans, a été mis en examen. Campagne d’affichage à Agen.}}

Les tracts ont été collés juste en face du palais de justice d’Agen. Tout un symbole. Depuis le 15 août 2008, date de sa création, le comité de soutien à Robert Lé-Dinh ne s’était pas manifesté sur la voie publique. C’est chose faite depuis quelques jours. La plaidoirie de la défense tient en un mot, « innocent », et renvoie sur un blog pour plus de détails.

Robert Lé-Dinh, 50 ans, a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles « sur personnes vulnérables » et placé en détention provisoire au centre de détention de Seysses. Tels que présentés par les victimes, dont deux mineures à l’époque, les faits se sont déroulés pour une grande part en Lot-et-Garonne. Lé-Dinh, dit « Tang », y vivait sur les hauteurs d’Agen depuis le début des années 1980 avant de rejoindre, avec une vingtaine « d’amis » ce gentil hameau ariégeois dont la tranquillité n’avait pas été perturbée avant la descente des gendarmes à la rentrée 2007.
hameau discret

En Ariège, le passé de Robert Lé-Dinh n’était pas connu. Il l’était un peu plus sur les bords de la Garonne. Surveillé d’assez près par ce que compte l’Aquitaine de services et d’associations de lutte contre les mouvements sectaires, « Tang » n’avait toutefois au revers de son veston qu’une seule condamnation à une peine d’emprisonnement par la cour d’appel d’Agen en novembre 1987, pour escroquerie sur tiers non-identifié, des abus de confiance en fait. Il avait été relaxé d’autres chefs d’inculpation à l’époque. Rien à voir, selon la loi, avec le portrait-robot d’un gourou.

Depuis janvier dernier sur le net, et par voie d’affichage depuis le début de la semaine, son comité de soutien crie au complot et réaffirme sans surprise que « les accusatrices (ses victimes supposées, NDLR) ne dénoncent aucune violence ni contrainte physique. Elles étaient consentantes au moment des faits (et même demandeuses !) mais disent maintenant qu’elles ont été manipulées mentalement. »

Introduit dans la loi en 2001, le délit de manipulation mentale permet, en théorie, à la justice de poursuivre les dérives sectaires. « Ce cas est révélateur de l’état d’assujettissement d’un groupe et de ses adeptes » estime Gérard Fodor, de l’ADFI Midi-Pyrénées. L’association nationale UNAFDI envisage de se porter partie civile aux côtés de cinq victimes ou leurs proches qui ont porté plainte.
« pas un chef de secte »

« Il n’est pas un chef de secte escroc et violeur de ses adeptes » affirment encore les membres de son comité de défense. « Certes, il anime un petit groupe de réflexion et d’action chrétienne d’où chacun est libre de partir, de prendre ses distances lorsqu’il le souhaite. » Cette « action chrétienne » revendiquée, l’évêché s’en souvient peu. Cette référence quasi biblique apparaît quand même dans la carrière associative de l’intéressé, à la tête ou en arrière-plan des méconnus Travail dans l’organisation de l’Amour du Christ (TOAC), Enseignement du Maître Philippe ou ADLEIF, la Défense des libertés d’expression dans l’Institution française. Ces activités figurent dans un rapport parlementaire sur les dérives sectaires.

{{soupe aux SDF}}

Robert Lé -Dinh a même été l’objet d’un livre certes resté confidentiel mais au titre mystique : « l’autorité divine et les forces du mystère. » Robert Lé-Dinh œuvrait dans le social aussi, faisait distribuer aux SDF d’Agen une soupe populaire, régulièrement le mardi soir. Dans le même esprit, il était le chef d’orchestre de repas rencontre « organisés en faveur de personnes en difficulté », comme l’indiquait une affiche placardée en avril 2001.

Un saint homme que défend Me Le Bonjour, de Toulouse. « En dix-huit mois d’instruction, on est revenu au point zéro de l’histoire » estime l’avocat. D’un côté, on affirme qu’il est le chef d’une secte mais l’enquête sur des faits matériels attestant de la manipulation mentale n’a pas porté ses fruits. De l’autre, nous avons des témoignages totalement différents. » Leader spirituel peut-être, dit encore le défenseur de Lé-Dinh, « mais pas un homme qui se voulait être la réincarnation du Christ comme cela a été dit. Nous avons aussi une addition de victimes, qui portent plainte dans des termes comparables, sans précision de dates. »

Publié le 22/04/2009 08:40 | Stéphane Bersauter

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