Si vous lisez régulièrement ma chronique, vous savez que j’ai souvent décrié la complaisance de nos gouvernements envers les communautés religieuses.Pourquoi on accepte que des communautés religieuses refusent d’offrir une éducation digne de ce nom aux enfants qui grandissent en leur sein ? Pourquoi on accepte que des êtres vulnérables soient endoctrinés, maltraités et agressés au nom de dogmes débiles ? Bref, pourquoi on abandonne de jeunes citoyens québécois à des crackpots finis ?
CHOQUANT ET INSPIRANT
J’ai donc applaudi lorsque j’ai appris que Club illico allait mettre en ondes un documentaire en deux parties sur ce sujet, qui me tient tant à cœur.
Intitulé Cultes religieux : des enfants oubliés, ce documentaire percutant de Marie-Claude Barrette (journaliste) et Patricia Beaulieu (réalisatrice), disponible depuis mercredi, a comblé mes attentes.
À travers les témoignages émouvants de plusieurs « rescapés » de communautés religieuses, des jeunes courageux et inspirants qui ont tout laissé derrière eux (frères, sœurs, parents, amis) pour enfin vivre une vie normale, Marie-Claude Barrette montre à quel point nos gouvernements font preuve de mollesse, plient les genoux et renient leurs principes lorsque la religion se pointe le bout du nez.
Tout le long des 82 minutes que dure ce documentaire, Marie-Claude martèle la même question : pourquoi on accepte ça ?
Pourquoi il suffit de brandir l’étiquette « communauté religieuse » pour soudainement avoir presque droit de vie et de mort sur des mineurs ?
Le plus choquant, dans ce documentaire, est de voir à quel point nos élus actuels esquivent la question.
Pendant des mois, Marie-Claude Barrette a demandé de pouvoir interviewer le ministre délégué de la Santé et des Services sociaux, Lionel Carmant, et le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.
Peine perdue. Ses demandes se sont frappées à une fin de non-recevoir.
Je comprends que nous sommes en pleine pandémie, et que ces deux ministres sont débordés.
Mais enfin, la planète continue de tourner. Et chaque jour, des enfants continuent d’être agressés au nom de Jéhovah, Patof ou je ne sais quel autre personnage imaginaire.
Le virus, à ce que je sache, n’a pas sonné la fin des sévices ni déclaré un armistice en faveur des mineurs violentés.
BRAVO, MADAME MALTAIS !
Heureusement, il y a Agnès Maltais, qui ne lâche pas le morceau.
En regardant l’ex-députée péquiste (qui a remué mer et monde pour que l’Assemblée nationale se penche sérieusement sur les dérives sectaires) continuer de défendre sa cause devant la caméra de Patricia Beaulieu, j’ai compris pourquoi je m’ennuie tant de cette femme. Quelle fougue ! Quel courage ! Car, oui, il faut du courage pour se tenir debout devant les groupes religieux, en 2021…
Rappelez-vous la pétition que Mme Maltais a fait circuler il y a trois ans.
Elle disait qu’il était inadmissible que, sous le couvert de la liberté de religion, des gestes illégaux puissent être posés par des groupes à dérives sectaires sans être sanctionnés.
Et que la société québécoise ne pouvait tolérer que des enfants n’aient pas droit à l’éducation.
Qu’est-il arrivé à son idée d’une commission sur les dérives sectaires ? Rien.
Heureusement, Marie-Claude Barrette a remis ce sujet à l’ordre du jour.
Messieurs Carmant et Roberge, nous attendons vos réponses aux questions posées par ce documentaire.
source : https://www.journaldemontreal.com/2021/01/17/agresser-des-enfants-au-nom-de-dieu