CLICANOO.COM | Publié le 26 février 2009

L’incarcération de Michel Vitry, faux prêtre mais vrai gourou au Tampon, pour agressions sexuelles sur huit de ses « fidèles » remet sous les feux de l’actu, un an jour pour jour après l’ouverture du procès du Petit Lys d’Amour, les phénomènes sectaires et les manipulations mentales qu’ils drainent. La Réunion abriterait moins d’une vingtaine de sectes et tout au plus 5 000 adeptes, selon une enquête qui date de… six ans. Comparé à la métropole (près de 200 sectes, 250 000 membres) l’île ne serait pas un pays de cocagne pour ces dérives criminelles. C’est le discours que nous servent les autorités depuis toujours. Mais les moyens mis en place pour enrayer, contrôler ces groupuscules et surtout leurs leaders sont-ils suffisants ? À cet égard, l’exemple de la Sainte-Famille est édifiant. Guidé par un salopard, ce groupe de prière – c’est ainsi qu’il se définit ! – a pu prospérer pendant des années, se réunissant en de multiples endroits du sud de l’île, dans de pseudo-chapelles ou au pied de calvaires érigés par la communauté catholique. Et ce malgré les mises en garde de Mgr Aubry, les témoignages et plaintes répétés des voisins ! Chez nous, les gourous, créateurs de sectes, jouent essentiellement sur la peur et la guérison pour enfermer les disciples dans leurs délires. Axées sur la religiosité et non sur l’argent, exploitant largement le filon du surnaturel et de la crédulité, les sectes pei ne seraient donc pas plus dangereuses qu’ailleurs. A voir. L’affaire Verbard hier et celle de la Sainte-Famille aujourd’hui nous ramènent à une réalité plus cruelle. Si la pratique religieuse ne s’accompagne pas d’un approfondissement de la foi et des connaissances religieuses, l’embrigadement sectaire peut très vite arriver. En France (ce n’est pas le cas partout dans le monde), la liberté de penser et de croire est totale… tant qu’il n’y a pas atteinte à l’intégrité financière et physique. L’exemple de la Sainte-Famille rappelle les risques qu’il y a à sous-estimer des phénomènes qui, dans une société déstabilisée et en crise, ne peuvent que se multiplier. Malheureusement.

Christophe Tézier