Un reportage lève le voile sur les bidouillages auxquels se livrent des médecins chrétiens allemands adeptes des «thérapies de conversion».

Totalement discréditées et même jugées dangereuses, les thérapies qui prétendent guérir de l’homosexualité n’en demeurent pas moins pratiquées par des médecins… aux frais des cotisants aux caisses maladie privées. C’est ce que vient de démontrer, pour l’Allemagne, un reportage de la chaîne régionale NDR.

Le journaliste Christian Deker, lui-même ouvertement gay, s’est fait passer pour un homo mal dans sa peau auprès de toubibs ayant pignon sur rue à Dresde, dans l’est du pays. Le premier, un diabéticien rencontré dans une communauté évangélique, l’a soumis à une séance d’exorcisme express dans son cabinet afin d’extirper de lui «l’esprit de l’homosexualité». La séance s’est achevée par un «alléluia» pas très scientifique. Un autre praticien, un généraliste, a proposé au journaliste de signer un formulaire pour une «psychothérapie» de 30 séances. Le tout après lui avoir assuré que tous ses maux physiques seraient soulagés au terme de la cure qui rétablirait une orientation sexuelle «saine».

HOMOSEXUALITÉ, CANCER: MÊME DIAGNOSTIC
Dans un cas, le médecin a diagnostiqué des «troubles psychiques» et dans l’autre «suspicion d’une maladie ayant un impact sur la vie» – une formulation standard qui s’applique actuellement à des conditions graves tel que le cancer.

A la Fédération des médecins catholiques, le Dr Gero Winkelmann, fervent défenseur des «thérapies de conversion» vers l’hétérosexualité, a admis que les médecins devaient un peu «bidouiller» leurs diagnostics pour faire rembourser ces prestations par les caisses maladie privées. Un devoir, selon lui: «Je vois dans les homosexuels des gens qui portent un lourd fardeau. Alors nous, médecins, nous devrions le leur enlever, de manière ce qu’ils ne soient plus sous pression de se comporter comme cela.» Il y a quelques années, le Dr Winkelmann avait déjà fait glousser la communauté médicale en vantant les vertus de l’homéopathie pour modifier l’orientation sexuelle. Il préconisait des microdoses de platine pour remettre ses patients dans le droit chemin.

DÉPRESSION ET SUICIDE
Le reportage rappelle qu’il y a belle lurette que les autorités sanitaires allemandes, tout comme les associations officielles de médecins, nationales et internationales, et l’OMS rejettent la définition de l’homosexualité comme une maladie. Les «thérapies de conversion» sont considérées, au mieux, comme inefficace. Le plus souvent, elles sont susceptibles de mener un patient fragilisé à la dépression et au suicide. Toutefois un représentant des assurances assure ne rien pouvoir faire contre ces faux diagnostics: le détail des traitements n’est pas accessible aux caisses maladies.

source : http://360.ch/blog/magazine/2014/05/ils-guerissent-les-homos-aux-frais-des-assurances/