photo à gauche, me serge almodovar a accompagné les couples amate et boullay lors de leur audition commune devant le juge d’instruction. 

À gauche, Me Serge Almodovar a accompagné les couples Amate et Boullay lors de leur audition commune devant le juge d’instruction. © Ouest-France

Dispositif tombé en désuétude

Cet Angevin, par ailleurs connu pour être un scientologue assumé, est dénoncé par des dizaines de personnes qui, comme Patrick Amate, ont réalisé avec lui une vente à réméré. Un dispositif tombé en désuétude qui permettait à un propriétaire traversant un moment délicat sur le plan financier d’éviter la saisie. Il s’agissait de remettre son bien immobilier entre les mains d’une personne, tout en continuant à l’habiter, en échange d’une somme d’argent représentant une sous-estimation de sa valeur. Au bout de quelques années, le vendeur pouvait racheter son bien. À condition d’y mettre le prix, supérieur au montant perçu.

Exercice illégal du métier de banquier ?

Méprise ou arnaque ? C’est toute la question de cette affaire où de nombreux contractants se sont sentis piégés. Sur un plan civil, à une exception près, la justice n’a rien trouvé à redire à la pratique. Mais, il y a deux ans, Serge Almodovar, un avocat de Valence (Drôme), a saisi un juge d’instruction à Angers, dénonçant toute une organisation, avec des personnes chargées de trouver des clients, d’autres de convaincre les candidats potentiels de signer. La plainte est déposée pour escroquerie, extorsion de fonds et exercice illégal du métier de banquier. « On a à démontrer que, sous couvert d’opérations qui apparaissent légales, tout un mécanisme est mis en place au préjudice de mes clients », soutient l’avocat.

Deux heures d’audition

Mercredi 16 septembre, pour la première fois, deux couples de victimes ont été reçus dans le cabinet du juge d’instruction, Matthieu Fiorini. À Angers, les auditions prévues pendant trente minutes ont finalement duré deux heures. « Il a été très attentif et à l’écoute », se satisfait Me Almodovar. « C’est courageux », estime Patrick Amate, qui a été expulsé avec son épouse et son fils handicapé. Depuis, il enchaîne les logements de fortune. « On espère que ça ira très vite », soupire Christian Boullay, 78 ans, venu de Sarzeau (Morbihan) avec sa femme Régine. Les Morbihannais estiment avoir perdu 150 000 € dans cette transaction.

« Entrepreneur immobilier »

Josué JEAN-BART.   Ouest-France