TOULOUSE (AP) — Un homme de 51 ans, gourou présumé d’une secte d’une vingtaine de personnes, sera jugé vendredi par les assises de l’Ariège à Foix pour “viols”, “agressions sexuelles sur mineurs” et “abus de faiblesse”. Comparaissant libre, Robert Le Dinh conteste l’ensemble des accusations portées contre lui et crie au complot ourdi par d’anciens membres de sa communauté.

L’enquête des gendarmes démarre le 30 avril 2007 lorsqu’un douanier et une greffière portent plainte à la brigade de Saint-Girons (Ariège). Le couple raconte avoir récemment quitté une communauté d’une vingtaine de personnes implantée d’abord à Madaillan (Lot-et-Garonne) puis à partir de 2005 à Bonac-Irazein (Ariège) et dirigée par Robert Le Dinh, dit “Tang”, qui se présenterait, au choix, comme “la représentation du Christ sur terre”, “le troisième Messie”, “le grand consolateur”, etc.

Après avoir soi-disant reçu la “visitation” du Christ en 1982, cet homme d’origine vietnamienne et père de six enfants, a fondé différentes associations caritatives et humanitaires venant notamment en aide aux sans-abri à Agen. Selon l’accusation, il n’hésite pas à dispenser un enseignement à caractère religieux à ses fidèles, privés de sommeil, auxquels il impose de façon autoritaire ses règles de vie et de fonctionnement. “Ces personnes avaient été abusées dans leur enfance ou violentées par leurs conjoints, elles se trouvaient en état de faiblesse”, soutient Me Guy Terracol, l’un des avocats des parties civiles. “Il avait un véritable ascendant sur elles, les conseillant sur leur orientation professionnelle ou sur leurs mariages”.

Selon plusieurs anciens “adeptes”, Robert Le Dinh aurait imposé des rapports sexuels assortis de pratiques déviantes à plusieurs femmes chargées de recueillir durant la nuit ses “rêves prémonitoires” et procédé à des attouchements sur deux de leurs filles alors âgées d’une dizaine d’années.

“Ces femmes étaient terrorisées car si elles refusaient, elles faisaient l’objet de ‘séances de positionnement’ devant le groupe où elles subissaient un véritable harcèlement moral”, ajoute Me Guy Terracol. Le gourou présumé menaçait aussi les récalcitrants de la “loi du retour”, principe selon lequel toute mauvaise action génère une catastrophe ou un malheur pour soi ou sa famille.

Amateur de 4X4 et grand joueur de PMU et de casino, Robert Le Dinh vivait grâce à des sommes d’argent liquide versées par ses “adeptes”, qui faisaient le ménage ou réparaient ses habitations. Selon les calculs des gendarmes, cet homme sans emploi aurait ainsi perçu 232.000 euros entre 2005 et 2007.

Ecroué en septembre 2007 après sa mise en examen notamment pour les viols de trois femmes et des agressions sexuelles sur deux mineures, cet homme, déjà condamné à deux ans et demi de prison pour “extorsion de fonds”, “abus de confiance” et “escroquerie” à Agen (Lot-et-Garonne) en 1987, a reconnu avoir eu des rapports sexuels librement consentis avec des adeptes féminines. En revanche, il a contesté avoir abusé des adolescentes et nié toute emprise morale sur le groupe.

“Ces personnes avaient un travail, une vie de famille, elles avaient le libre choix d’entrer ou de sortir de cette communauté dont la pratique religieuse était soft”, assure Me Philippe Le Bonjour, l’un des deux avocats de Robert Le Dinh. Selon eux, des rivalités et des jalousies amoureuses seraient à l’origine de ces dénonciations qualifiées de “mensongères”. Le verdict est attendu le 18 septembre.

AP

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