Premier président de la République à participer au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Nicolas Sarkozy a défendu, mercredi 13 février au soir, sa conception de la laïcité.
Après avoir évoqué, ces derniers mois, les “racines chrétiennes de la France” et fait l’éloge de la foi, gage d’espérance à ses yeux, il a voulu rappeler qu’il n’avait “jamais dit que la morale laïque était inférieure à la morale religieuse”. “Ma conviction est qu’elles sont complémentaires et que, quand il est difficile de discerner le bien et le mal, ce qui somme toute n’est pas si fréquent, il est bon de s’inspirer de l’une comme de l’autre.”, a-t-il précisé.

“Et jamais je n’ai dit que l’instituteur était inférieur au curé, au rabbin ou à l’imam pour transmettre des valeurs. Mais ce dont ils témoignent n’est tout simplement pas la même chose. Le premier témoigne d’une morale laïque, faite d’honnêteté, de tolérance, de respect. Que ne dirait-on pas d’ailleurs si l’instituteur s’autorisait à témoigner d’une morale religieuse ? Le second témoigne d’une transcendance dont la crédibilité est d’autant plus forte qu’elle se décline dans une certaine radicalité de vie”, a-t-il dit.

“AMI D’ISRAËL”

A la basilique Saint-Jean de Latran à Rome, le 20 décembre 2008, M. Sarkozy avait déclaré que “dans la transmission et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur”.

“Le drame du XXe siècle n’est pas né d’un excès de l’idée de Dieu, mais de sa redoutable absence”, a-t-il toutefois souligné. “Si les religions sont impuissantes à préserver les hommes de la haine et de la barbarie, le monde sans Dieu, que le nazisme et le communisme ont cherché à bâtir, ne s’est pas révélé tellement préférable”, a-t-il prévenu.

Dans son intervention, Nicolas Sarkozy s’est présenté comme un “ami d’Israël”, pays où il se rendra au mois de mai. Evoquant les négociations actuelles entre Israéliens et Palestiniens, il a jugé qu’un accord “d’ici la fin de l’année est possible”, plaidant pour la création d’un “choc de confiance” à même de susciter une adhésion populaire au processus né de la conférence d’Annapolis, cet automne. Nicolas Sarkozy a aussi souhaité le “gel complet” de la colonisation, qu’il considère comme “un obstacle à la paix”. Le chef de l’Etat a condamné par ailleurs, sans le nommer, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui souhaite la disparition d’Israël. “Je ne rencontrerai pas, je ne serrerai pas la main des gens qui refusent de reconnaître Israël”, a-t-il assuré.

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 14.02.08 |