Ces soixante dernières années, les Témoins de Jéhovah australiens ont détruit de nombreuses notes faisant état d’abus sexuels sur mineurs, selon des auditions recueillies lundi par une commission d’enquête à Sydney.

Devant la commission, l’avocat principal Angus Stewart a expliqué que les accusations visant, depuis 1950, quelque 1006 pédophiles présumés dans cette communauté, ont été traitées en interne plutôt que d’être rapportés à la police.

Les victimes qui se plaignaient étaient confrontées à leurs abuseurs puis laissées avec le sentiment d’avoir pêché,précise Associated Press qui cite notamment l’une des victimes présumées.

{{Agressée à partir de 15 ans}}

A la fin des années 1980, cette femme, connue sous le nom de BCB, a ainsi été interrogée sur sa relation avec un doyen, Bill Neill. Lundi, elle a témoigné comment cet homme, aujourd’hui décédé, l’aurait agressée à partir de l’âge de 15 ans et épié quand elle était sous la douche.

Âgée aujourd’hui de 47 ans, elle était à l’époque très amie avec la fille de Neill, précise le «Guardian». L’homme profitait de ses passages à son domicile pour l’embrasser avec la langue, selon les affirmations de BCB.

Lorsqu’elle s’est plainte des faits, il lui a été demandé de participer à des réunions avec des doyens. Au cours de l’une d’entre elles, Neill aurait plaisanté à propos de ses actes présumés, qu’il a par ailleurs niés. BCB se souvient avoir ressenti de la culpabilité et de la difficulté à évoquer les abus dont elle se disait l’objet.

{{«Mauvaises mains»}}

Lorsque la commission lui demande si des notes ont été prises au cours des réunions avec BCB, un doyen, Max Horley, explique que c’est possible mais qu’elles ont probablement été détruites. «Nous ne voulons pas garder de notes en dehors de ce qui est conservé dans les dossiers de la congrégation», afin qu’elles ne «tombent pas dans de mauvaises mains», a-t-il tenté de justifier.

«Quelles sont ces mauvaises mains ?», a alors interrogé le président de la commission, Peter McClellan. «Et bien, nous ne voulions pas que nos épouses connaissent nos trucs – de quels genres de trucs nous nous occupions».

Doyen depuis plus de 30 ans dans la congrégation de Narrogin, Max Horley a affirmé qu’il n’était pas dans la pratique de son mouvement, qui compte 68 000 membres en Australie, de rapporter les allégations de pédophilie à la police. Bien que l’église ait expulsé 401 membres après avoir eu connaissance d’abus internes, elle a permis 230 autres à rentrer au bercail, selon des chiffres cités par Reuters. Trente-cinq ont même été accueillis à de multiples occasions.

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