{{Vaccination et autisme: histoire d’un faux}}

C’est le dernier épisode en date d’une controverse scientifique qui dure depuis plus de 15 ans. Celle du lien supposé – et déjà maintes fois infirmé – entre apparition de l’autisme et administration du triple vaccin rougeole, oreillons, rubéole (ROR). Une nouvelle étude rétrospective a suivi plus de 95.000 enfants pendant 5 ans. Certains d’entre eux avaient des frères et sœurs plus âgés atteints d’autisme, ce qui constitue normalement un risque accru pour les suivants dans la fratrie. Mais l’analyse des données recueillies n’a montré aucun lien entre le vaccin ROR et une augmentation du risque de développer un trouble du spectre autistique. Et ce quel que soit l’âge de la vaccination, ou les antécédents familiaux. Les résultats de cette recherche publiée mardi 23 avril 2015 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) confirment ainsi de nombreuses autres études du même type effectuées ces quinze dernières années.

La possibilité que la vaccination ROR soit un facteur déclenchant des troubles du spectre autistique a été avancée en 1998 par le Dr Andrew Wakefield dans une étude publiée dans The Lancet. Dès le début, cette étude menée sur une dizaine d’enfants a suscité une violente controverse. Non seulement en raison de sa faiblesse méthodologique mais aussi parce qu’elle a provoqué l’inquiétude de nombreux parents en Grande-Bretagne qui se sont mis à refuser de faire vacciner leurs enfants. Mais au travers de nombreuses études dans les années qui suivirent, les résultats du Dr Wakefield ont été invalidés, poussant The Lancet a retirer l’article en 2010. 10 des 13 co-auteurs s’étaient d’ailleurs rétractés dès 2004. Le Dr Wakefield a même fini par être convaincu de fraude.

Malgré ces multiples preuves scientifiques, un certain nombre de parents continuent de penser qu’il existe une corrélation entre le triple vaccin ROR et un risque accru des troubles du spectre autistique (TSA). Des enquêtes auprès de parents ayant un enfant souffrant d’autisme suggèrent qu’un grand nombre semblent penser que ce triple vaccin y a contribué. Cette croyance, combinée au fait qu’un enfant dont le frère ou la soeur aîné est autiste a un risque génétique accru de souffrir de ce trouble, pourrait conduire ces parents à ne pas faire vacciner leurs plus jeunes enfants, expliquent les auteurs.

source :
Par Hugo Jalinière
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150422.OBS7759/autisme-et-vaccin-decidement-aucun-lien-de-cause-a-effet.html