Lors d’une conférence lundi, rassemblant sur l’estrade pas moins de six avocats, elle a mis en cause une circulaire du ministère de la Justice en date du 19 septembre dernier relative «à la vigilance et la lutte contre les dérives sectaires». A priori, une note d’orientation supplémentaire pour sensibiliser les magistrats au phénomène sectaire.

Pour l’organisation fondée par Ron Hubbard, elle est un moyen de pression sur les magistrats qui, à compter du 3 novembre prochain, vont à nouveau examiner l’affaire pour laquelle elle a été lourdement condamnée en 2009. Des amendes de 400.000 et 200.000 euros avaient été prononcées contre ses deux principales structures, le Celebrity Centre et sa librairie. Son dirigeant de fait avait écopé de deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende.

Abus de faiblesse
Dans ce document, on y cite des exemples d’abus de faiblesse, «en décrivant des pratiques religieuses de la Scientologie», s’insurge ainsi Me Michel de Guillenchmidt : «Je suis scandalisé.» On y évoque en effet «les tests, les cures de purification, les régimes vitaminés, les jeûnes prolongés…». Au­tant de pratiques, il est vrai, auxquelles la Scientologie a recours mais cette dernière serait loin d’en avoir l’exclusivité.

Se défendant de toute paranoïa, la Scientologie avance comme preuve de ses allégations la date de publication de la circulaire : le 30 septembre dernier, soit plus d’un mois avant le procès. Contre cette note, les avocats ont annoncé un dépôt de plainte auprès du rapporteur spécial des Nations unies. Une action en justice qui s’ajoute à une autre en rapport avec le procès de première instance. Le ministère public y avait requis la dissolution du Celebrity Centre et de sa librairie. Une peine en fait inapplicable. Quelques semaines plus tôt, une modification de loi, passée totalement inaperçue, avait rendu impossible la dissolution d’une personne morale pour escroquerie. Contre ces réquisitions qu’elle estime «illégales», l’Église de scientologie a assigné l’État pour faute lourde en juin dernier. Une procédure toujours en cours.

Enfin, les avocats s’en sont pris lundi à l’Unadfi, association luttant contre les dérives sectaires et dont la constitution de partie civile avait été rejetée en première instance. Faisant appel de cette décision, l’Unadfi sera sur les bancs des victimes le 3 novembre prochain. «Et parfaitement sereine», selon son avocat, Me Olivier Morice, qui ajoute : «Les attaques portées contre cette association révèlent que l’Église de scientologie craint sa présence au procès.» Un rendez-vous judiciaire que les avocats vont tenter d’ailleurs de reporter. Lundi, ils ont annoncé qu’ils soulèveront plusieurs questions de constitutionnalité et demanderont l’annulation du premier jugement. C’est dire l’importance pour la Scientologie de cette prochaine audience.
Source : LE FIGARO 25/10/2011
Par Angélique Négroni