L’abus de faiblesse fait partie des faits régulièrement jugés. Mais le dossier qui sera examiné par le tribunal correctionnel de Bayonne mardi 19 septembre est peu banal. La prévenue, Jacqueline, répondra d’abus de faiblesse, et de détournements de fonds. Elle est soupçonnée d’avoir exploité la vulnérabilité psychologique de plusieurs personnes, sous couvert d’une association cultuelle loi 1901.

En 1985, Jacqueline dite « Jacky », créé le Centre chrétien, au numéro 25 du cours du Comte de Cabarrus à Bayonne ; association se réclamant de l’église évangélique, et n’ayant aucun lien avec l’Église catholique (1). Pendant des années, Jacqueline ne se contente pas de prêcher la bonne parole auprès des adeptes. Elle fait aussi état de prophéties personnelles, qu’elle pense recevoir en direct du Tout-puissant.

{{Ressusciter les morts}}

Mais la connexion entre Jacky et le créateur est à ce point privilégiée que celle qui se désigne comme « l’élue de Dieu » assure, par la puissance qui lui est conférée, être en capacité de soigner les maladies, voire de ressusciter les morts par les prières et l’imposition des mains. La gourou ne semble douter de rien, et ne s’imagine pas une seconde que les messages transcendantaux aient pu signaler un désordre psychologique personnel, plus qu’une illumination élective.

La petite assemblée d’adeptes est invitée par « l’autoritaire », « manipulatrice », ou « totalitaire » – selon les plaignants – Jacqueline à verser 10 % de leurs revenus au Centre chrétien. La « pasteure » autoproclamée accumule ainsi un pécule avantageux. Les enquêteurs de l’antenne de Police Judiciaire (PJ) de Bayonne ont mis au jour divers comptes bancaires, garnis au total de plusieurs centaines de milliers d’euros. Le compte du Centre chrétien aurait eu pour but de financer des travaux de celui-ci. Les fonds n’auraient pas été utilisés à des fins personnelles.

{{Visite de Dieu}}

Le fonctionnement du Centre chrétien a prospéré pendant des années, avant le dépôt d’une première plainte, en 2014, rejointe ensuite par trois autres. La même année, Jacqueline était placée sous contrôle judiciaire, avec l’interdiction de pratiquer toute activité au sein du Centre chrétien. En 2016, elle était interpellée chez elle par la PJ pour être entendue en garde à vue. Les anciens adeptes, trois femmes et un homme, victimes présumées de l’ex-gourou ont pour point commun une emprise ancienne, pour avoir fréquenté le Centre chrétien pendant leur enfance, avec leur mère, souvent suite à des événements perturbant la famille tels que des décès, divorces, maladies.

Ces états de faiblesse auront trouvé une résonance en la personne de Jacqueline, qui aurait indiqué, avoir été visitée à deux reprises par Dieu (vers ses 20 ans et ses 40 ans). Trois des quatre victimes sont défendues par Me Sandrine Larié. L’avocate de Jacqueline, Me Maïté Sargiacomo, n’a pas souhaité répondre à « Sud Ouest ».

(1) Association loi 1901 fondée en 1985 sous l’enregistrement 378095616 00017, recensée

source :

http://www.sudouest.fr/2017/02/25/jacky-parle-a-dieu-et-prend-10-3228003-4018.php

Publié le 25/02/2017 à 9h56. Mis à jour à 10h03 par EMMANUELLE FÈRE e.fere@sudouest.fr.